Ce n’est pas un zéro pointé, mais ça ne vaut surement pas la moyenne... Les universitaires de l’Académie de médecine ont examiné le projet de loi de santé de Marisol Touraine et au final, ils ne se montrent pas tendres avec cette réforme. Après les critiques des syndicats de médecins, après celles de l’Ordre des médecins, voici donc les griefs formulés par les Académiciens. Ils sont très nombreux.
A commencer sur les mesures qui refondent l’organisation des soins. Sur le tiers payant généralisé par exemple, c’est une oppostion nette. Reprenant la critique du caractère inflationniste de la dispense d’avance de frais, Michel Huguier, qui a rédigé l’avis adopté par l’Académie, propose de faire l’inverse : "un ticket modérateur d’ordre public qui ne serait pris en charge ni par les mutuelles ni par les assurances et serait généralisé pour responsabiliser chaque partenaire."
Même prévention concernant le futur "service public territorial de santé" tant décrié par les syndicats de médecins libéraux. "Il est raisonnable de penser que de tels contrats entraîneront pour les médecins généralistes des contraintes supplémentaires et un surcroît de tâches administratives qui les accablent déjà. Pour cette raison, il faut craindre que cette mesure, logique dans son principe, contribue malheureusement à détourner les plus jeunes du choix de l’exercice de la médecine générale."
La relance du DMP ne trouve pas non plus grâce aux yeux des Académiciens qui doutent tout simplement de l’intérêt d’un tel dispositif dont on rappelle dans l’avis qu’il a déjà coûté "au moins 210 millions d’euros de 2004 à 2011 et un demi-milliard d’euros en incluant les dossiers hospitaliers informatisés." Pour la vénérable institution de la rue Bonaparte, "rien ne prouve que, s’il se met en place un jour, le DMP changera rééellement les comportements médicaux et apportera beaucoup plus que le dossier que tout médecin a déjà l’obligation de tenir."
Pas d’accord non plus sur le nouveau métier d’infirmières cliniciennes, les Académiciens mettent en doute les compétences de ces supers infirmières instituées pour prendre en charge des cas complexes. Ils craignent un effet boule de neige avec des demandes similaires venant d’autres professions paramédicales. Enfin, ils estiment que cette innovation coûtera plus cher à la Sécu et risque d’alimenter les recours dans les tribunaux.
Côté santé publique, c’est un peu mieux pour le projet Touraine. Mais l’Académie juge que cette réforme est à la fois trop audacieuse et pas assez. Elle réitère avec force son opposition à l’expérimentation prochaine des "salles de shoot". Et pour le reste, elle épingle un projet jugé trop timide sur la prévention, qui, par exemple, "prend peu en compte la lutte contre la consommation de cannabis", selon l’avis et est un peu à côté de la plaque sur la lutte contre l’obésité. Sur le sujet, l’Académie ne semble ainsi pas convaincu par les vertus de l’étiquettage nutritionnel.
Au total, l’Académie de médecine parie que le projet de loi sur la santé "générera à court terme plus de dépenses que de bénéfices. A cet égard, il va dans un sens contraire à l’objectif gouvernemental de 50 milliards d’économies des dépenses publiques d’ici 2017."
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