Bras de fer en vue au gouvernement sur l'aide médicale d'État (AME). Selon des informations de France Info, la suppression de l'AME serait du « perdant-perdant » pour le ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Et ce, pour plusieurs raisons déjà avancées par le passé : cette aide protège les étrangers en situation irrégulière, en leur permettant d'accéder à des soins gratuits, mais aussi la santé publique de l’ensemble des Français. Une protection contre certaines épidémies par exemple, qui pourraient se propager plus facilement si les patients ne se font pas soigner par peur de devoir payer le médecin, avance l’entourage du ministre à nos confrères.
Aussi, argumente-t-on à Ségur, « il ne faut pas fragiliser » l’accès des personnes vulnérables aux droits les plus essentiels, mais au contraire les soigner suffisamment tôt. Autre risque d'une éventuelle suppression de l'AME, le fait que les étrangers se rabattent massivement sur les urgences, accroissant le coût global des soins, un argument auquel Bercy pourrait être sensible.
Désaccord
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a assumé ce mardi avoir un « vrai désaccord » avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur une réforme de l’AME, qui aboutirait de facto à la remettre en cause. Ce dernier s'était dit favorable à une proposition des Républicains de la transformer en simple « aide médicale d'urgence ».
L'ancien ministre de la Santé, neurologue hospitalier, a souligné « ne pas savoir ce qu'est une urgence » avant une consultation médicale en bonne et due forme. Il craint que l'étranger en situation irrégulière « ne vienne pas consulter » et que « ça coûte beaucoup plus cher » au final si l'état de santé s'aggrave. À ses yeux, l'AME « ne constitue pas un appel d'air pour les étrangers en situation irrégulière ». C’est « un moyen de payer les médecins et les hôpitaux », a-t-il recadré, jugeant « le système actuel équilibré ».
Au Sénat le 6 novembre
Élisabeth Borne a annoncé dimanche la création d'une mission chargée de déterminer si « des adaptations » de l’AME sont « nécessaires ». Ce travail préparatoire a été confié à Patrick Stefanini et Claude Evin.
La question d'une éventuelle réforme de l'AME s'inscrit dans le débat plus large sur le projet de loi immigration, porté par Gérald Darmanin et qui sera discuté au Sénat à partir du 6 novembre.
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