LE NOUVEAU-NÉ dont la mère allaitante est fumeuse va non seulement ingérer de la nicotine présente dans le lait mais aussi en inhaler, si la mère fume dans l’environnement de son enfant. « Certains éléments, souligne le Dr Nelly Jacob (Paris), permettent de dire que la nicotine ingérée dans le lait va contribuer à une fraction importante de la cotininurie chez le nouveau-né ou le nourrisson, au contraire de la nicotine inhalée. Mais les effets néfastes que l’on peut constater chez l’enfant (infections bronchiques notamment) sont davantage en rapport avec l’exposition à la fumée. »
Lorsque les nourrissons sont nourris au biberon dans un environnement fumeur, on retrouve de la cotinine dans leurs urines, qui témoigne de l’inhalation de nicotine. Et chez ceux allaités au sein, la concentration urinaire de cotinine est multipliée par 5 à 10.
Pour illustrer ces données, le Dr Jacob propose l’exemple d’un nourrisson de 3 à 4 mois qui boit environ 1 litre de lait par jour et respire environ 1 litre d’air par minute. Quand la mère est fumeuse, le lait contient 10 à 50 µg/l de nicotine, il ingère donc cette quantité chaque jour, pendant environ deux mois, durée moyenne de l’allaitement maternel exclusif. Si l’air du domicile familial contient 0,5 à 10 µg/m3 de nicotine, le nourrisson inhale entre 0,75 et 15 µg/j de nicotine.
Ces deux apports contribuent donc à la cotininurie du nourrisson. Les études montrent qu’il y a un effet négatif de l’exposition à la fumée. Et l’allaitement maternel a un effet bénéfique pour l’enfant car il est essentiel à la modulation de la réponse immunitaire innée pendant la période néonatale. Toutes ces données impliquent qu’il est extrêmement important de conseiller aux fumeuses allaitantes de fumer à distance des tétées et de ne pas exposer leur enfant à la fumée. Bien entendu, le sevrage accompagné est la solution idéale.
Entretien avec le Dr Nelly Jacob, Service de Pharmacologie, GH Pitié-Salpêtrière AP-HP - Paris.
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