Arrivée début 2013 dans l’ELSA du centre hospitalier de Ploërmel, le Dr Maud Pervier-Blin rejoint une fois par semaine, le jeudi matin, le petit bureau qu’occupe seule le reste du temps Nathalie Bédard, infirmière à temps plein. Un binôme essentiel pour le travail de repérage et d’orientation qui revient à toute ELSA, mais qui reste précaire : avant ce médecin addictologue, l’équipe de liaison a fonctionné en 2012 que grâce à l’infirmière. Une prochaine réorganisation territoriale des ELSA devrait aboutir à leur renforcement.
Ce matin-là, Nathalie Bédard commence par informer le médecin des patients vus dans la semaine. Ces deux derniers jours, seul le service de la maternité ne l’a pas sollicité, fait-elle remarquer. Preuve que les besoins existent bel et bien et que le travail initié localement depuis 2001 par l’ELSA porte ses fruits. En 2012, 303 demandes de consultation pour évaluation ont été enregistrées par l’infirmière (582 entretiens ont été conduits par l’infirmière) contre 251 à la mi-décembre 2013 (453 entretiens infirmiers et 34 consultations médicales depuis mars). Voilà pour le bilan quantitatif.
Des situations très diverses
Côté humain, les situations recensées sont très variées : un appel téléphonique d’une mère « affolée » par le comportement addictif de son fils ; un homme hospitalisé en gastro-entérologie disposé à aller en cure pour un problème d’alcool, sans logement depuis un incendie ; un autre plus jeune, a priori schizophrène qui aurait arrêté son traitement par neuroleptiques « parce qu’il se sentait bien... et surtout avait envie de faire la fête »... résultat : admis aux urgences pour un problème de mal-être.
Les dossiers s’empilent déjà. Le Dr Maud Pervier-Blin, détachée du Centre de soins en addictologie du Morbihan Douar Nevez qui a une antenne à Ploërmel, est la mieux placée pour assurer le relais avec les acteurs extérieurs de la prise en charge. « Nous sommes là pour permettre une évaluation rapide, notamment des personnes qui arrivent aux urgences et dont on ne peut savoir combien de temps ils vont rester au sein de l’hôpital, explique le médecin. Il m’arrive d’effectuer une consultation externe, mais c’est juste le temps que le relais soit possible à l’extérieur... Il faut deux à trois semaines pour obtenir un rendez-vous au centre de soins en addictologie, donc on peut en proposer un ici dans la semaine pour éviter une démotivation. »
Visite aux patients hospitalisés
Le Dr Pervier-Blin et Nathalie Bédard ont prévu de rendre visite à plusieurs des patients hospitalisés, une formule qu’elles préfèrent à celle qui consiste à se démultiplier pour voir plus de personnes dans le temps imparti, forcément limité. Mais, un appel des urgences vient changer les plans. Un homme est arrivé hier avec une alcoolémie élevée : 2,70 g. « Contexte suicidaire », relève l’infirmière des urgences. L’infirmier de psychiatrie de liaison est déjà passé le voir.
Assise à même le lit, le médecin engage la discussion. Les questions s’enchaînent, pendant environ quinze minutes. Mais, excepté des formules à l’emporte-pièce, du type : « J’ai pété les plombs, c’est tout ! », pas grand-chose ne sort de l’échange. L’homme est dans le déni d’une consommation d’alcool apparemment bien installée. « Nous sommes arrivés comme un cheveu sur la soupe car il n’était manifestement pas prévenu de notre visite ; commente le Dr Pervier-Blin. À première vue, il ne va pas bien. Mais, il ne perçoit pas les effets négatifs de sa consommation. Il faudrait pourtant, mais on n’est pas dans le forcing. Pour moi, c’est plus du ressort de la psychiatrie. On va se rapprocher du centre médico-psychologique qui propose des consultations à domicile. »
La matinée se terminera par un échange entre les deux membres de l’équipe pour s’accorder sur la meilleure manière de former les équipes des services de l’hôpital et d’élaborer les protocoles de sevrage destinés à soulager en interne les symptômes de manque. Deux missions dévolues aux ELSA... deux missions de plus.
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