On estime à cinq millions les personnes qui ont des difficultés médicales, psychologiques ou sociales à mettre en relation avec l’alcool. De par sa proximité, le médecin traitant joue un rôle important dans le repérage précoce des troubles liés à la consommation d’alcool.
« Malheureusement, l’alcool est banalisé et les patients n’en parlent pas. Ils minimisent souvent leur consommation. De plus, lorsque le patient et sa famille connaissent bien le médecin, il peut y avoir un problème d’image à défendre… », souligne le Dr Xavier Aknine (référent national de MG Addictions, pôle médecine générale de ville au sein de la Fédération Addiction). « Il est assez simple de jeter des ponts pour aider le patient à en parler », poursuit le praticien. Les circonstances où cela est possible sont nombreuses. Ainsi, lorsqu’un adolescent demande un certificat pour le sport, il est facile de l’interroger sur sa consommation d’alcool, de tabac… En cas d’hypertension, de dépression, on peut aussi interroger le patient pour voir s’il n’y a pas un lien avec l’alcool et en profiter pour l’informer sur les effets de l’alcool, sur les limites à ne pas dépasser et l’inciter à modifier ses habitudes et comportements
Ne pas parler d’abstinence
Aujourd’hui, grâce à l’arrivée de nouveaux médicaments, le discours a changé : on ne parle plus d’abstinence totale, mais de diminution de la consommation d’alcool. Lorsque le médecin traitant a reconnu la réalité d’une alcoolo-dépendance et que le patient est demandeur et motivé, il peut alors proposer un sevrage progressif. Si le patient n’est pas encore prêt, on peut alors lui proposer un accompagnement sous la forme d’entretiens réguliers pour le motiver. Après un temps plus ou moins long, c’est le patient lui-même qui demandera le sevrage… « Avec le baclofène, la posologie quotidienne initiale est de 15 mg par jour avant une augmentation très progressive par paliers de 2-3 jours. C’est une période délicate pendant laquelle il faut bien suivre le patient, explique le Dr Xavier Aknine. Le patient diminue progressivement sa consommation, puis au fil du temps, il peut arriver que sa motivation évolue et qu’il s’arrête complètement de boire de l’alcool. »
L’arrêt brutal du baclofène est à éviter car il peut entraîner des crises d’épilepsie.
Avec Selincro, la posologie est également adaptée au patient : prise d’un comprimé lorsqu’il a envie de boire.
Il est recommandé de demander aux patients de tenir un agenda de consommation d’alcool et de prise des médicaments. Le patient est revu deux semaines après la prescription pour vérifier la tolérance et l’observance.
Choisir la meilleure aide
Lorsque le médecin traitant voit que le patient est trop gêné pour lui parler, il peut alors l’orienter vers un autre professionnel. En cas de complexité de la prise en charge (patient fortement dépendant, isolé, si des tentatives de sevrage ont déjà échoué…), le patient peut être adressé à un service d’addictologie.
Les patients alcoolodépendants doivent être accompagnés tout au long des différentes phases du sevrage. L’accompagnement psycho-social est très important, car souvent ces patients ont perdu leur emploi, sont seuls, isolés séparés de leur famille…
« Il est souhaitable de travailler en lien avec les autres professionnels : assistante sociale, psychologue… de faire partie d’un réseau et de conseiller l’aide d’associations comme Alcooliques anonymes », ajoute le Dr Xavier Aknine. Il faut du temps, notamment au début. Mais surtout cette prise en charge nécessite une motivation et une formation spécifique. »
Article précédent
Le test immunologique disponible au mois de mars
Article suivant
Une expérience d’éducation thérapeutique dans le Lot-et-Garonne
L’équilibre délicat à trouver
Un camion itinérant à la rencontre des patients en Midi-Pyrénées
L’automesure médicalisée gagne en fiabilité
Le généraliste a un rôle important dans le repérage
Des antiviraux pour les plus fragiles
Des premières évaluations encourageantes
Des critères d’évaluation simplifiés
Une part importante de l’activité du médecin
La vaccination immédiate au cabinet du médecin
Le test immunologique disponible au mois de mars
La nouvelle donne
Une expérience d’éducation thérapeutique dans le Lot-et-Garonne
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024