CERTAINS pays d’Afrique avaient insisté, en 2003, lors de la ratification de la Convention cadre de lutte antitabac (CCLAT), pour avoir une Convention forte. Si un mieux existe sur ce continent, il n’en demeure pas moins que l’ingérence de l’industrie du tabac y est toujours très présente. L’une des mesures les plus importantes édictées par la CCLAT était la mise en œuvre de politiques de santé contre l’ingérence de l’industrie du tabac, notamment par la gestion des conflits d’intérêt, la transparence des informations délivrées, l’autonomie des États par rapport à l’industrie du tabac, le rejet des partenariats et la réglementation des activités décrites comme « socialement responsables » par les industriels (article 5.3 de la CCLAT).
« Il n’en demeure pas moins que les industriels utilisent en Afrique aujourd’hui les mêmes vieilles tactiques que dans les autres pays, explique Sylvianne Ratte, notamment par la négation ou la sous-évaluation des évidences scientifiques ou encore en les relativisant par rapport à d’autres dangers. Le discours est ambigu et circule à volonté dans les médias africains. La publicité, les promotions packaging, le lobbying… Tout est fait pour continuer à donner une image glamour des produits du tabac et promouvoir leur consommation ». En outre, l’industrie du tabac se prévaut d’être un gros employeur potentiel (alors que les tabaculteurs sont payés une misère !), d’ouvrir de nouveaux marchés, arguments qui font mouche auprès de gouvernements parfois faibles et corrompus. Tous les moyens sont bons pour détourner la législation, jusqu’à jouer les mécènes en finançant ou en proposant de financer des programmes « socialement responsables » comme des hôpitaux (Philip Morris au Cameroun par exemple), des formations…
Et ce n’est pas tout. Selon le Ministère américain du Travail, le tabac provient du travail d’enfants dans 15 pays : le Kenya, le Malawi, le Mozambique, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie (pour les pays d’Afrique). Au Malawi, le travail forcé est également d’actualité. L’ONG Plan International a publié en 2009 un reportage édifiant sur les enfants qui travaillent dans les champs de tabac dans ce pays. Non seulement ils étaient soumis à des violences mais en plus ils développaient la maladie du tabac vert. En Ouganda, 12 millions de personnes souffrent du paludisme chaque année et 110 000 en meurent ; British american tobacco, entre autres, a bloqué un programme gouvernemental de prévention du paludisme visant à traiter les maisons des travailleurs agricoles à l’aide de pesticides. La raison : il ne faut pas que les produits chimiques contaminent leurs cultures…
Mais l’Afrique s’organise. Grâce aux soutiens financiers et techniques de nombreux partenaires, de nouveaux projets émergent et de nombreux pays ont adopté des lois antitabac strictes.
Entretien avec Sylviane Ratte (conseillère technique, Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires).
Article suivant
Il n’y a pas de petit tabagisme
Tous les moyens sont bons
Il n’y a pas de petit tabagisme
Une responsabilité difficile à établir
32 % de réussite à un an si le traitement est gratuit
Une prise en charge spécifique au CHU de Caen
Un risque d’hypotrophie multiplié par trois
Mobiliser directement les jeunes
Bénéfique pour les fumeurs et pour les comptes de la sécu !
Ne pas la recommander… Sans l’interdire
EDITORIAL - Pour une prise en charge du sevrage
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024