La douleur est un phénomène de société, tant par le nombre de personnes concernées que par l’importance des enjeux qu’elle soulève. Elle touche toutes les catégories socioprofessionnelles et tous les âges. « Premier motif de consultation, dans les services d’urgence et chez le médecin généraliste, la douleur concerne près de 12 millions de Français, soit plus de 20 % de la population. Mais moins de 3 % des patients douloureux bénéficient d’une prise en charge dans une structure spécialisée », explique la Pr Valéria Martinez (hôpital Raymond Poincaré, Garches), présidente de la SFETD.
Un maillage territorial hétérogène
La France est l’un des seuls pays européens qui dispose d’une offre de soins douleur aussi étendue et structurée. Au total, 52 % des SDC sont hébergées dans un centre hospitalier (CH) général et 26 % dans un CH universitaire. Le reste des SDC se répartit, de façon égale, entre les Centres de lutte contre le cancer (CLCC) et les Etablissements de santé privés d’intérêt collectif (ESPIC) ou à but lucratif. Ainsi, 35 % des SDC prennent en charge la douleur non cancéreuse, 7,5 % la douleur liée au cancer, et 54 % ont une activité mixte. Par ailleurs, 71 % des SDC auraient une activité douleur uniquement auprès des adultes, et 6 % exclusivement auprès des enfants.
Mais l’offre actuelle ne permet de couvrir que 1,4 % des patients douloureux chroniques. De plus, le maillage territorial est très hétérogène. Les régions les moins dotées sont le Centre-Val de Loire, le Grand Est et la Corse. Alors que les régions les plus dotées sont l’Île-de-France, la Normandie et les Pays de Loire.
Ainsi, l’accès à ces structures est long : le délai d’attente médian est de trois mois, avec des extrêmes pouvant atteindre un an.
Une répartition disparate du personnel soignant
Il existe également une grande hétérogénéité dans la répartition des équivalents temps plein (ETP) d’une région à l’autre, allant d’un minimum de 0,59 ETP médecins algologues à un maximum de 0,84 ETP pour 100 000 habitants. Cette disparité est encore plus forte pour le personnel non médical exerçant dans les SDC, pour les infirmiers et les psychologues. Au total, 835 médecins (représentant 388 ETP) travaillent dans les SDC. Seulement, 58 % d’entre eux sont titulaires et 18 % exercent à temps plein. Dans les cinq prochaines années, le départ à la retraite de 177 médecins est attendu, représentant une menace pour les années à venir. En effet, 30 % des SDC pourraient disparaître par manque de moyens financiers et humains.
Créer un DES médecine de la douleur
Ces chiffres illustrent parfaitement le fossé qui existe entre le besoin et l’offre de prise en charge spécialisée de la douleur en France. Pour préserver ce maillage territorial inédit et anticiper les besoins futurs, la SFETD émet des propositions, notamment une revalorisation de la filière « Médecine de la Douleur ». La fragilité de la formation existante et le manque de visibilité des parcours, en médecine de la douleur, ont des conséquences importantes sur le recrutement des futurs médecins algologues.
La spécialisation en médecine de la douleur, par la création d’un diplôme d’études spécialisées (DES) dédié, et la sanctuarisation des postes des soignants (psychologues, infirmiers…) dans les SDC sont des mesures indispensables, pour pérenniser une prise en charge adéquate des patients douloureux chroniques.
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