L’hétérogénéité des cancers est connue depuis longtemps. D’un patient à l’autre, un cancer peut évoluer différemment et à l’intérieur d’une même tumeur, des populations de cellules tumorales différentes coexistent, qui ne sont pas équivalentes sur le plan de l’agressivité. On distingue ainsi les cellules souches tumorales des autres cellules. L’existence de celles-ci a longtemps été controversée mais récemment démontrée, du moins dans des modèles animaux. Elles sont purifiées avec des marqueurs de surface isolés ou combinés, selon le type de tumeur. Si on les isole avec ces marqueurs de membrane, on peut créer des tumeurs chez l’animal avec un très petit nombre de cellules, ce qui n’est pas le cas avec des cellules tumorales non-souches. « La recherche, aujourd’hui, s’oriente vers une meilleure identification et caractérisation des cellules souches tumorales, grâce à des marqueurs de plus en plus fiables. La première preuve de leur existence a été apportée dans les leucémies, mais reste plus imprécise dans beaucoup de tumeurs solides, précise la Dr Annick Harel-Bellan (Saclay). Ont-elles une responsabilité dans tous les cancers ? »
Certaines de leurs caractéristiques sont communes avec celles des cellules souches non tumorales ; elles se divisent lentement et parfois de façon asymétrique : en clair, une cellule-souche se divise en une cellule-souche et une non-souche, cette dernière se divisant beaucoup plus vite que la cellule-souche mère.
« On a donc, dans la tumeur, une population de cellules souches qui se divisent lentement et une autre, de cellules non-souches, qui se divisent plus vite, résume la Dr Harel-Bellan. Or les chimiothérapies classiques sont actives sur les cellules qui se divisent. Si toutes les cellules souches tumorales ne sont pas éliminées, on peut penser que la tumeur va progresser à nouveau et métastaser ». Ce qui expliquerait la résistance de certaines tumeurs aux chimiothérapies, inefficaces sur les cellules souches tumorales à l’origine des cancers et sur leur progression métastatique. L’idée est séduisante, mais reste à prouver dans tous les cancers. Il faudra ainsi mettre au point des thérapies ciblées qui visent particulièrement les cellules souches tumorales, bloquant ainsi toute activité métastatique.
Entretien avec le Dr Annick Harel-Bellan, CEA Saclay.
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