LA ROADMAP EUROGIN 2012 (1) offre des données épidémiologiques comparatives entre les cancers du col utérin et les carcinomes épidermoïdes de la sphère oropharyngée liés aux HPV. Ces deux types de cancers ont une incidence comparable mais la proportion de ceux liés à une infection par le HPV est bien moindre dans la sphère ORL que dans la sphère génitale, où la quasi-totalité des cancers sont liés aux HPV. De même, la prévalence de l’infection par le HPV, fortement associée aux habitudes sexuelles, est 5 à 10 fois plus élevée au niveau génital que de la sphère ORL.
Selon l’étude de population américaine NHANES, la prévalence du papillomavirus au niveau oropharyngé est de 7 % chez les sujets âgés de 14 à 59 ans, versus 42 % pour la sphère génitale. La présence au niveau ORL est de 2 à 3 fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, pour des raisons incomplètement élucidées.
En dépit de prévalences différentes, la distribution des génotypes viraux est comparable, avec une prédominance du HPV 16.
Enfin, contrairement à ce qui est observé dans le cas de l’infection génitale à HPV, il n’y a pas de déclin net de la prévalence de l’infection au niveau ORL avec l’âge ; deux pics de prévalence existent, entre 30 et 34 ans puis entre 60 et 64 ans.
Des données plus spécifiques à l’Europe, issues de l’étude ICO, ont été présentées lors du congrès (2). Plus de 2 100 prélèvements de cancers oropharyngés (provenant de 12 pays européens) ont été testés (HPV/DNA) rétrospectivement : 571 cancers de la cavité buccale, 1 003 cancers du pharynx et 547 tumeurs laryngées. De l’ADN viral a été détecté dans 15,2 % des cas : 10 % des cancers de la cavité buccale, 23,9 % des cancers pharyngés (oropharynx : 26,1 %, nasopharynx : 14,9 %) et 4,8 % des cancers laryngés.
Le génotype viral de loin le plus fréquent était le HPV 16 (79,3 % des cas), suivi du 33 (3,2 %), du 35 (1,9 %) et des 18/51/52 (1,2 % chacun). Les infections multiples étaient peu fréquentes (1,9 %).
Si l’infection orale persistante à HPV 16 est suspectée favoriser les cancers oropharyngés, l’histoire naturelle de l’infection à HPV reste mal connue au niveau de la sphère ORL. Une équipe américaine (3) a évalué le taux de persistance de l’infection par HPV 16 chez des hommes suivis de façon prospective dans l’étude HIM (HPV Infection in Men), lire aussi page précédente. Des échantillons de gargarismes ont été prélevés tous les 6 mois pendant 4 ans puis testés (extraction d’ADN, PCR et génotypage HPV). Sur les 1 626 hommes âgés de 18 à 66 ans inclus dans ce travail, 28 étaient positifs pour le HPV 16 oral, soit une prévalence de 0,6 % et une incidence de 0,8/1 000 personnes/mois. L’analyse finale des résultats porte sur 23 hommes, chez lesquels la durée de l’infection orale par le HPV 16 a été en moyenne de 22,4 mois (inférieure à 6 mois et donc qualifiée de transitoire dans 34,8 % des cas). Seule un peu plus de la moitié des hommes a éliminé le virus au cours du suivi.
(1) Eurogin 2012 Roadmap. http://www.eurogin.com/Eurogin_2012_Roadmap_IJC.pdf
(2) Alemany L et al. The ICO study on HPV detection and genotype distribution in head and neck cancers : results from the european region.
(3) Pierce Campbell CM et al. Oral HPV16 persistence among participants of the HPV infection in men (HIM) study.
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