L’avènement des outils connectés, et leurs applications en cardiologie, comme plus largement dans le domaine de la santé, constituent une petite révolution conceptuelle. Tout d’abord parce qu’ils modifient la relation médecin patient. Comme l’a souligné la Dr Myriam Amsellem, il ne s’agit plus aujourd’hui d’un colloque singulier entre le médecin et son patient, mais d’un dialogue à trois, patient-médecin-internet. Le patient est en effet l’acteur central de la santé connectée, qui trouve de nombreuses applications comme le recueil continu de données, l’éducation thérapeutique ou encore le partage d’informations avec le médecin. Le praticien lui-même peut s’aider de ces nouveaux outils pour mieux classifier un risque, mieux communiquer, accéder facilement aux actualités ou encore participer à des essais cliniques.
HTA, insuffisance cardiaque sevrage tabagique
Les outils connectés sont particulièrement intéressants dans l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, ou le sevrage tabagique. Il est aujourd’hui possible de saisir les valeurs d’automesure sur un support informatique pour les transmettre dans le dossier informatisé du patient, mais demain sans doute des autotensiomètres transmettront directement ces données. Dans l’insuffisance cardiaque, la télémédecine, qui permet notamment d’optimiser le parcours de soins et d’organiser la surveillance à distance, bénéficie aujourd’hui à un millier de patients chaque année. Dans le sevrage tabagique, des outils connectés aux tablettes et aux smartphones complétés d’une assistance par coach virtuel permettent de personnaliser la stratégie de sevrage, le fumeur devenant acteur de ses modifications comportementales.
En rythmologie aussi
Mais tous les domaines de la cardiologie sont concernés par ces nouvelles technologies. La rythmologie par exemple, avec le développement de différents objets connectés, allant du simple smartphone muni d’une coque spéciale et d’une application dédiée aux stimulateurs et défibrillateurs, au moniteur ECG implanté. Ce dernier, dans sa version la plus miniaturisée, mesure moins de 5 cm sur 7 mm et ne pèse que 2,5 g. Après implantation en sous-cutané dans la région précordiale, au cours d’un geste très simple, il permet d’enregistrer en continu un signal électrocardiographique bipolaire pendant 3 ans. Il garde en mémoire les événements jugés pathologiques par le dispositif et ceux enregistrés à l’occasion de symptômes. L’analyse des tracés peut se faire à distance grâce au télésuivi. Ce dispositif qui permet de s’affranchir de la durée limitée des périodes d’observation faites par les appareils comme le Holter, a fait la preuve de son efficacité dans l’exploration des syncopes récidivantes, avec une rentabilité diagnostique de plus de 50 %. Son intérêt a aussi été démontré après un accident vasculaire embolique cryptogénique, afin de rechercher des arythmies atriales. Mais il peut également être utile dans d’autres indications, comme la stratification du risque rythmique en postinfarctus ou en cas de cardiopathie arythmogène.
En imagerie, le partage rapide des données, pour un avis, un diagnostic ou une aide à la décision thérapeutique est très facilement réalisable puisque les données brutes des différents examens sont aujourd’hui numérisées et donc facilement exportables.
Confidentialité et autres interrogations
Cette évolution ne va pas sans soulever différentes questions. Au-delà des problèmes d’intégration des données en pratique quotidienne, la standardisation des technologies et la protection des données sont deux grands points d’interrogation.
L’offre en applications santé est pléthorique : des dizaines de milliers sont disponibles, mais peu ont été évaluées de manière rigoureuse en termes de validité, d’efficacité, ou de satisfaction des utilisateurs. Les « compteurs de pas » permettent-ils réellement d’accroître le taux de sujets faisant plus de 10 000 pas par jour ?
Autre grande préoccupation : la confidentialité. Les bases de données sont pour l’instant de petite taille, mais à terme, elles pourront être connectées entre elles et centralisées. Ce « big data » pourra servir les patients, les médecins, la recherche, mais il pourrait aussi être exploité à des fins commerciales.
Autant d’éléments qui devront être pris en compte au cours des prochaines années.
D’après le dossier de presse du congrès et la communication du Dr Myriam Amsellem, États-Unis
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