L’activité physique améliore la sensibilité à l’insuline chez les diabétiques de type 1 (DT1). Leurs capacités aérobies sont prédictives de leur santé, en particulier cardiovasculaire. Mais certains patients limitent leurs activités sportives, par crainte des hypoglycémies.
Une réponse à l’effort sous influences multiples
La réponse glycémique dépend du type d’exercice physique — aérobie, anaérobie ou fractionné. L’activité aérobie sur une période prolongée est associée à une chute de la glycémie, de façon très variable selon les individus. Les exercices fractionnés ont un effet modéré sur le glucose. Le stress, comme celui induit par une compétition, peut augmenter la glycémie via sa production par le foie.
La variabilité de la réponse glycémique à l’effort complique le contrôle de la glycémie. Elle est soumise à de très nombreux facteurs liés à l’individu, à l’activité en elle-même, au diabète, à l’alimentation, qu’il est indispensable de connaître pour adapter les systèmes de délivrance automatisée d’insuline (DAI) à l’exercice. C’est l’objectif que s’est fixé la T1Dexi (Type 1 diabetes exercise initiative), une étude en vraie vie qui va recueillir le maximum de données permettant de mieux comprendre les facteurs, modifiables ou non, pouvant influencer les réponses glycémiques à différents types d’exercices. Pendant un mois, 497 DT1 (183 avec une pompe standard, 226 avec une boucle fermée hybride et 88 sous multi-injections) ont été randomisés pour pratiquer des exercices en aérobie, en résistance ou fractionnés. La glycémie, l’administration d’insuline, l’alimentation, la fréquence cardiaque ont été relevées.
Les premiers résultats montrent que les trois types d’activité sont associées à une amélioration immédiate du temps à la cible de la glycémie dans les 24 heures suivant l’exercice, que l’activité en aérobie entraîne une baisse plus importante de la glycémie mais que celle-ci varie beaucoup chez les individus, sous l’influence de facteurs tels que la glycémie avant l’exercice, l’insuline active résiduelle (IAR), le moment de l’exercice dans la journée, la glycémie de base, l’HbA1c, les constantes cardiaques, le sexe, etc. « Les futures analyses vont évaluer l’impact de ces différents facteurs et de la nutrition pour chaque type d’activité, afin de déterminer de nouveaux algorithmes et systèmes de DAI améliorant la régulation glycémique pendant et après l’exercice », explique le Pr Michael Ridell (Toronto, Canada).
Glycémie pendant l’exercice : insulino-médiée ou non
Pendant l’activité physique, la glycémie varie aussi selon des facteurs indépendants de l’insuline — mais qui vont influencer sa délivrance automatique — avec, en aérobie, une augmentation de la consommation musculaire de glucose, suivie par une augmentation de la sensibilité à l’insuline. « Pour la première fois, nous avons pu différencier les effets de l’activité physique selon qu’ils sont médiés ou non par l’insuline. Elle montre que les paramètres insulinodépendants augmentent rapidement dès le début de l’exercice, pour disparaître lentement, tandis que ceux non médiés par l’insuline augmentent et disparaissent rapidement et sont limités à la durée de l’exercice, explique le Dr Joseph El Youssef (Portland, États-Unis). À la clef, nous espérons une amélioration des algorithmes de DAI pendant et après l’effort, afin d’éviter les hypoglycémies. »
Efficacité des systèmes en boucle fermée
Une étude a comparé les conséquences sur la glycémie de systèmes en boucle ouverte ou fermée, l’exercice n’étant pas annoncé à l’algorithme de la boucle fermée. Cela, chez des jeunes DT1 parfaitement adaptés à ces systèmes, avec un diabète bien équilibré, pendant et après des activités physiques de différents types, pratiquées à l’hôpital. Ils ont été suivis pour la glycémie et les paramètres cardiovasculaires pendant l’effort et la nuit suivante. « On n’a relevé aucune hypoglycémie inférieure à 0,6 g/l pendant l’exercice dans les deux groupes et pratiquement pas pendant la nuit qui a suivi, note le Dr Klemen Dovc (Ljubljana, Slovénie). Le système en boucle fermée a permis de diminuer les pics d’hyperglycémie, d’augmenter le temps passé à la cible et de réduire significativement la dose d’insuline délivrée. » D’autres études sont nécessaires pour le confirmer dans la vraie vie et chez des patients moins sélectionnés.
Exergue : « Pour la première fois, nous avons pu différencier les effets glycémiques de l’activité physique selon qu’ils sont médiés ou non par l’insuline »
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