Le RGO est un motif fréquent de consultation. Environ « 10 % de la population aurait une hernie hiatale mais n'en souffrirait pas forcément et 10 à 20 % de la population des pays industrialisés souffrirait de façon occasionnelle de RGO », rappelle le Pr Louis Buscail (CHU Rangueil, Toulouse).
Le RGO est un trouble fonctionnel lié à la remontée du liquide gastrique acide dans l'œsophage. Les symptômes typiques spécifiques, brûlures rétrosternales ascendantes (pyrosis) et les régurgitations acides permettent d'établir le diagnostic du reflux gastro-oesophagien. Tous ces signes sont très parlants, aggravés par des repas copieux, la flexion du tronc ou la position allongée la nuit. Mais il existe aussi des symptômes atypiques : douleur uniquement épigastrique, manifestations ORL (sensation d'angine, le matin), toux chronique, douleurs thoraciques… « Ces symptômes atypiques sont assez fréquents et il faut y penser. Parfois, les deux types de symptômes sont présents », précise le Pr Buscail. On pratiquera un test thérapeutique par IPP pendant deux mois, sans pratiquer d'examen complémentaire d'emblée, en présence d'une forme typique, sans signes associés de gravité, chez un sujet jeune (de moins de 50 ans). Le patient est revu et si l'évolution n'est pas favorable, il faudra alors pratiquer une fibroscopie afin de rechercher d'autres causes ou d'autres pathologies. À l'opposé, la fibroscopie œsogastroduodénale est recommandée en cas de symptômes atypiques, de signes d'alarme (amaigrissement, dysphagie, anémie, hémorragies digestives) et à partir de 50-60 ans. « La fibroscopie est déterminée en fonction de l'âge et des signes associés », explique le Pr Buscail.
Intérêt de la fibroscopie
La fibroscopie permet de rechercher d'éventuelles causes anatomiques du RGO : béance du cardia ou hernie hiatale. Elle aide également à repérer d'éventuelles complications, notamment l'existence de lésions œsophagiennes : une œsophagite (inflammation plus ou moins ulcérée du bas œsophage) ou un endobrachyœsophage, qui est une métaplasie de la muqueuse gastrique au niveau du bas œsophage. Cette métaplasie augmente le risque de développement d'un adénocarcinome œsophagien. « Il est très important de pouvoir le dépister car, contrairement à l'œsophagite, il n'entraîne le plus souvent, aucun signe », ajoute le Pr Buscail. Enfin, la fibroscopie œsogastroduodénale permet de détecter d'autres lésions (ulcères, pathologies gastriques…).
Traitements hygiénodiététique et médicamenteux
Les mesures hygiéno-diététiques ne doivent pas être négligées : maigrir en cas d'excès pondéral, ne pas s'allonger après un repas, réduire la consommation de graisses, d'alcool, de tabac, de café, de boissons gazeuses… Il faut également supprimer les médicaments gastro-toxiques (aspirine, AINS…) et aménager les conditions de sommeil. « La surélévation des pieds de la tête du lit (par des cales) a prouvé son efficacité : il ne suffit pas de mettre des oreillers », explique le Pr Louis Buscail. Quant aux traitements médicamenteux, ils appartiennent à plusieurs classes. Les traitements locaux tels que les antiacides calment ponctuellement les douleurs et les alginates empêchent l'acidité de remonter dans l'œsophage. Leur effet est rapide mais de courte durée. Les autres médicaments sont des antisécrétoires qui agissent à plus long terme. Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont les antisécrétoires gastriques les plus efficaces, plus que les anti-H2. La dose et la durée du traitement sont fonction de l'intensité du reflux.
Traitement à la demande
À long terme, plusieurs stratégies sont possibles. En cas de rechutes fréquentes ou précoces à l'arrêt du traitement chez les patients n'ayant pas d'œsophagite, il est recommandé un traitement d'entretien continu par IPP à la dose minimale efficace. On peut aussi instaurer un traitement « à la demande » chez un patient sans œsophagite, après un traitement initial efficace de 4 semaines : le patient gère lui-même son traitement en fonction de ses symptômes (prise quotidienne pendant les périodes symptomatiques sur quelques jours). Lorsque la réponse au traitement médical est mauvaise ou en cas de complications, on réalisera une pHmétrie et/ou une manométrie (si suspicion de troubles moteurs de l'œsophage). Le traitement chirurgical sera envisagé en cas d'anomalies anatomiques responsables du reflux. « Depuis l'arrivée des IPP, la chirurgie a une place très limitée », déclare le Pr Buscail.
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