L’étude a repris les coloscopies réalisées en cas d’Hémocult positif en Ille-et-Vilaine de 2003 à 2012 dans le cadre du dépistage de masse du cancer du côlon. Ont été retenues 3 475 coloscopies (avec au moins un polype sans cancer invasif) effectuées par 22 gastro-entérologues (ayant pratiqué au moins 50 coloscopies avec au moins un polype réséqué par endoscopie ou chirurgie).
La prévalence du recours à la chirurgie dans la vraie vie, objectif principal de l’étude, est estimée à 4,5 % tous polypes confondus et 5,5 % pour les adénomes.
Éléments prédictifs
L’analyse multivariée retrouve quatre facteurs liés au polype et un lié au gastro-entérologue, mais aucun lié au patient.
Parmi les facteurs liés au polype, la taille a le plus de poids statistique. « Plus le polype est gros, plus il a de chances d’être opéré, note le Pr Bretagne, l’odds ratio est de 26 s’il est ≥ 20 mm ». Viennent ensuite le siège (côlon droit…) puis deux critères histologiques (adénome à composante villeuse, dysplasie de haut grade voire cancer intramuqueux).
Le gastro-entérologue influe sur les taux de chirurgie. Ces taux, tous polypes confondus (4,5 %) et adénomes (5,5 %), varient respectivement de 0 à 16 % et de 0 à 20 % selon le gastro-entérologue
Pour des polypes ≥20 mm, le taux moyen de chirurgie (22,3 %) varie selon le gastro-entérologue de 0 à 52 % (taux brut observé), ce que confirme l’ajustement sur les caractères du polype (0 à 46 %). « À taille, siège et histologie identiques, le type de résection est opérateur dépendant : certains résèquent tous les polypes par endoscopie, d’autres confient près d’un patient sur 2 au chirurgien » note le Pr Bretagne. Pour des polypes ≥ 30 mm, le taux moyen de chirurgie est de 44 %.
Une expertise endoscopique peut éviter la chirurgie
L’objectif secondaire évaluait la morbidité de la chirurgie. Sur les 156 patients opérés la morbidité postopératoire est de 23 % (1 décès, 8 ré-interventions). Aucun opéré n’a bénéficié d’avis préalable en centre endoscopique expert.
Sur 561 patients avec polype› 20 mm, seuls 6 ont eu une résection endoscopique en deuxième intention.
Le Pr Jean-François Bretagne note que « le taux de détection d’adénomes qui n’est pas différent entre gastro-entérologues faisant peu ou pas opérer leurs patients et les autres, témoigne d’une discordance entre performances diagnostiques et thérapeutiques ». Il rappelle que « tout gastro-entérologue devrait avoir les compétences pour enlever les polypes ‹ 20 mm. Pour des polypes plus gros ou difficiles d’accès, des photos et vidéos devraient être systématiques avant de demander un avis auprès d’un expert ». Il estime que « dans une campagne de dépistage, le taux de chirurgie pourrait représenter un indicateur de qualité d’un programme de coloscopie ».
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