L'équipe de recherche Génétique Humaine des Maladies Infectieuses de l’université Paris Cité, de l'Inserm et de l'AP-HP, aborde la tuberculose avec un angle original : celui de la génétique. Une étude récente, dont les résultats ont été publiés dans la revue Cell le 23 octobre dernier, a ainsi mis en évidence des variants d’un même gène, situé sur le chromosome X, chez des hommes atteints de maladie mycobactérienne, dont la tuberculose.
Ce n'est pas la première maladie génétique impliquée dans la tuberculose, une quarantaine ont déjà été identifiées, « et nous n'arrivons pas encore à expliquer tous les cas », explique la Dr Jacinta Bustamante. La maîtresse de conférences des universités-praticien hospitalier (université Paris Cité/Institut des maladies génétiques Imagine/hôpital Necker-AP-HP), complète : « On observe dans la littérature une grande variabilité de réponses face à la maladie et le microbe en lui-même n'est pas suffisant pour l'expliquer. On sait donc qu'il y a des facteurs génétiques et environnementaux qui entrent en jeu. »
Des mutations ciblées « surprenantes »
Les patients atteints de tuberculose sont majoritairement des hommes, « ce qui laissait suspecter qu'il existait un rapport avec un chromosome sexuel », poursuit-elle. Jonathan Bohlen, post-doctorant sous la direction du Pr Jean-Laurent Casanova, du Dr Qian Zhang et de la Dr Jacinta Bustamante, a alors étudié l'exome (les séquences codantes du génome) et mis en évidence ces mutations.
Elles se situent sur le gène MCTS1 et affectent la fabrication de certaines protéines dont la protéine JAK2, elle-même responsable de la synthèse de l’interferon-γ (IFN-γ), nécessaire au déclenchement de la réponse immunitaire lors d’une infection par une mycobactérie. « Ce gène intervient dans la synthèse de plusieurs protéines mais les mutations semblent être sélectives et n'ont de conséquences que sur la réponse du système immunitaire face aux maladies mycobactériennes, ce qui est surprenant », déclare-t-elle.
Des applications préventives et thérapeutiques
Ainsi, les porteurs d'une de ces mutations génétiques sont plus vulnérables à ces maladies. Ils peuvent également développer une infection à la suite de l’injection du vaccin contre la tuberculose, dit BCG ou Bacille de Calmette et Guérin, contenant une forme atténuée de la bactérie. « Le vaccin est contre-indiqué pour ces personnes », note-t-elle, précisant que cette maladie génétique est néanmoins très rare (environ 1 cas sur 50 000).
La Dr Jacinta Bustamante augure diverses applications préventives et thérapeutiques à ces résultats. « S’il y a des cas de tuberculose sévères dans une famille, il peut être conseillé d'effectuer un dépistage génétique de l'enfant. D'autre part, si un homme est malade et porteur de cette mutation, on peut envisager une antibiothérapie plus longue pour pallier son système immunitaire défaillant voire une injection d'interféronγ. »
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