Fruit de deux ans de travail conjoint du Groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal (Gemvi) et du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), de nouvelles recommandations de pratique clinique (RPC) sur la ménopause viennent d’être publiées. Ces RPC sont centrées sur les 10 premières années de la ménopause survenant à un âge physiologique et excluent donc les insuffisances ovariennes précoces.
Une première consultation ménopause
La ménopause est un nouvel état hormonal, marqué par la carence estrogénique, état qui va durer un tiers de la vie des femmes et qui peut induire des problèmes de santé. Ce n’est pas une maladie, mais elle peut aggraver des facteurs de risque sur le plan osseux et cardiovasculaires et ce passage à ce nouvel état hormonal constitue une opportunité pour mettre en place des mesures de prévention. Le praticien joue donc un rôle crucial, notamment lors de la première consultation de ménopause, pour identifier les facteurs de risque et mettre si besoin en place des mesures préventives adaptées, afin de donner à la femme toutes les chances d’un vieillissement réussi.
Les femmes doivent être incitées à consulter à cette période de leur vie, étape parfois difficile sur le plan socioprofessionnel et/ou familial. Cette première consultation ménopause vise ainsi à repérer les symptômes génito-urinaires évaluer le risque osseux et rechercher les facteurs de risque cardiovasculaires, en particulier les facteurs émergents qui sont propres aux femmes (HTA gravidique, prééclampsie ou éclampsie, diabète gestationnel).
Activité physique ET lutte contre la sédentarité
L’activité physique (AP) doit faire partie de la prise en charge de la ménopause, car elle permet de réduire les complications cardiométaboliques et osseuses notamment. Ainsi, après la ménopause, une AP régulière d’intensité modérée est recommandée, toujours en association à une moindre sédentarité, pour réduire la mortalité globale et la morbimortalité cardiovasculaire (baisse de 30 %) et réduire (-3 %) ou prévenir la perte de masse osseuse, avec in fine une réduction de 10 % du risque de fracture. De plus, l’AP, si elle n’entraîne pas de perte de poids, réduit la masse grasse viscérale. L’idéal est de combiner l’endurance, d’intensité modérée 150 min (5X30 mn) par semaine et d’intensité plus forte (3X30mn), en privilégiant les activités cardio-respiratoires à impacts (course à pied, sauts, danse…), et le renforcement musculaire au moins 3 fois par semaine.
Des conseils nutritionnels
Les conseils nutritionnels ont aussi toute leur importance. La périménopause s’accompagne d’un gain de poids, qui atteint près de 3 kg sur 6 ans, et surtout une modification de la répartition des graisses, avec une augmentation de 10 % de la masse grasse, qui se traduit par une augmentation du tour de taille, et une petite réduction de la masse maigre. L’augmentation du tissu adipeux périviscéral, apprécié par le tour de taille, est délétère sur le risque cardiométabolique.
La prise de poids lors de la ménopause n’est cependant que peu liée à une augmentation de la prise alimentaire ; d’autres facteurs, hormonaux, génétiques, physiologiques interviennent. Il faut mettre en garde les femmes contre les régimes alimentaires restrictifs et être prudents lors d’une recherche de perte de poids et préconiser une alimentation variée et équilibrée.
Débuter un THM : une fenêtre d’intervention
Les experts ont retenu deux indications principales du THM que sont les troubles climatériques altérant la qualité de vie et le risque fracturaire.
Il est recommandé de ne débuter un traitement hormonal de la ménopause qu’après confirmation clinique de cette dernière, c’est-à-dire une aménorrhée de 12 mois chez une femme de plus de 45 ans et dans les 10 années qui suivent l’installation de la ménopause (notion de fenêtre d’intervention). La mise en route d’un THM relève d’une décision partagée, après une évaluation fine du rapport bénéfices/risques.
Pour réduire le risque de thrombose veineuse ou d’accident vasculaire cérébral, il est recommandé de privilégier le 17-bêta-estradiol par voie cutanée, en association à la progestérone micronisée ou à la dydrogestérone au moins 12 jours par mois chez la femme non hystérectomisée.
Exergue : Une étape parfois difficile sur le plan socioprofessionnel et familial
Communications de la Pr Martine Duclos, Clermont-Ferrand, Dr Jean-Michel Lecerf, Lille et de la Dr Anna Gosset, Toulouse
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