Toute la gravité de l'hépatite chronique C est liée au risque de cirrhose, estimé à 20 % 15 à 25 ans après l'infection. Cette cirrhose peut se décompenser et/ou évoluer vers un carcinome hépatocellulaire (CHC).
«Avant les antiviraux directs, nous ne disposions que de la ribavirine et de l'interféron pégylé, difficile à utiliser chez le patient cirrhotique en raison de sa toxicité, rappelle le Pr Georges Philippe Pageaux. Le traitement comportait un risque accru de complications hématologiques et infectieuses, et ne permettait la guérison que dans de 20 à 30 % des cas».
L'arrivée des antiviraux directs a changé la donne, et plusieurs types d'associations sont possibles, le plus souvent des stratégies à base de sofosbuvir, associé à un inhibiteur de la NS5A ou à un inhibiteur de protéases.
D'autres associations peuvent être utilisées ; le choix du traitement dépend notamment du génotype viral et du stade évolutif de la cirrhose.
Chez les patients au stade Child-Pugh A, les taux de guérison sont, comme chez le non cirrhotique, supérieurs ou égaux à 90 %. Au stade Child C, ils sont inférieurs à 80 %. Le stade Child B correspond à un groupe hétérogène.
Les résultats des antiviraux directs dans les cirrhoses décompensées seront présentés lors du congrès.
Amélioration clinique et biologique
«En France, nous avons eu une Autorisation temporaire d'utilisation (ATU) de cohorte, ce qui nous a permis de traiter tôt», souligne le Pr Pageaux. Plus de 4 000 patients ont été traités, dont 250 cirrhotiques. Des données intermédiaires sur 93 sujets, (91 % au stade Child B et 9 % au stade Child C) rendent compte, après 12 semaines de traitement par daclatasvir et sofosbuvir (avec ou sans ribavirine), d’une réponse virale chez 84 % des patients : 82 % des stades Child B et 100 % des Child C.
Chez la majorité des patients, le score de Child s'est amélioré grâce à la guérison virologique. La virosuppression s'accompagne donc d'une amélioration clinique et biologique. Aucun effet secondaire grave n'a été observé sous traitement.
«Chez le patient cirrhotique, souligne le Pr Pageaux, la guérison virologique n'annule pas le risque d'évolution vers un CHC. Tout patient, même guéri, doit donc avoir une échographie de dépistage du CHC tous les 6mois. Par ailleurs, ces patients ont souvent des comorbidités, en particulier une consommation excessive d’alcool ou un syndrome métabolique, qui doivent aussi être pris en charge".
D'après un entretien avec le Pr Georges Philippe Pageaux, CHU Montpellier.
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