Les cancers anaux sont assez rares, avec une incidence en France de 1 à 2 cas/100 000 habitants. Mais deux points sont à souligner : une forte augmentation d’incidence, qui s’accroît de 5 % par an, et un risque particulièrement élevé dans trois populations : les hommes séropositifs ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) [risque multiplié par 100], les personnes séropositives (risque multiplié par 40 à 50) et les HSH (risque multiplié par 40).
En 2017, le rapport Morlat a préconisé un dépistage systématique de ce cancer par examen proctologique et anuscopie chez tous les HSH porteurs du VIH et chez tous les porteurs du VIH ayant des antécédents de lésions anogénitales liées au HPV. Un examen proctologique s’impose également en cas de signes d’appel anal, tel que douleur, saignement ou tuméfaction.
« Globalement, un sujet porteur du VIH a une chance sur deux d’avoir des lésions anales (condylomes, hémorroïdes, fissure, fistules, IST…), résume le Dr Laurent Abramowitz (CHU Bichat, ap-hp). Il faut donc absolument rechercher ces signes et réaliser sans tarder un examen proctologique, qui est accessible à tout praticien : inspection de la marge anale en écartant avec les deux pouces et toucher anorectal. La prescription d’un veinotonique ou d’une pommade sans examiner le patient conduit à des retards diagnostiques ». Or le pronostic dépend de la précocité du diagnostic. Le traitement des petites tumeurs se fonde sur leur ablation chirurgicale, alors qu’une radiochimiothérapie s’impose dans les autres cas. L’amputation de l’anus et du périnée, réalisée en cas d’échec, est une source de morbidité importante (incontinences, saignements, stomies), dont les conséquences sur la qualité vie sont majeures.
À côté de ces trois populations à très haut risque qui doivent être impérativement dépistées, la vigilance est également de mise chez les femmes ayant un antécédent de lésion précancéreuse ou de cancer du col de l’utérus, chez lesquelles le risque est augmenté par un facteur 2 à 16.
Enfin, « la prévention primaire par la vaccination ne doit pas être oubliée. L’extension prochaine de la vaccination aux garçons apporte un message simple et clair : on vaccine tout le monde », estime le Dr Laurent Abramowitz.
Entretien avec le Dr Laurent Abramowitz (CHU Bichat, Paris)
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