UN DIPLÔME acheté sur Internet moyennant mille euros, un titre fabriqué dans une petite imprimerie clandestine maniant avec dextérité les faux tampons universitaires et le tour est joué !
De l’autre coté des Alpes, quelque 30 000 faux médecins exercent dans les hôpitaux, ouvrent des cabinets avec pignon sur rue et prescrivent tranquillement des médicaments en tout genre. Une véritable armada qui ne risque d’ailleurs pas grand-chose au regard d’une loi plutôt complaisante. De fait, le millier de fausses blouses blanches épinglé chaque année s’en tire avec une amende de 516 euros ou six mois de prison avec la conditionnelle.
L’an dernier, la brigade financière a débusqué précisément 1 170 faux médecins dont 450 soi-disant chirurgiens orthodontistes. À la fin du troisième trimestre 2010, les autorités judiciaires ont fait poser les scellés sur 30 cabinets illégaux et déférés 453 faux médecins et 108 « dentistes » devant les tribunaux. Sans compter une dizaine d’« infirmiers » qui travaillaient à l’ombre des cliniques et des structures publiques depuis plusieurs années.
Face à l’augmentation constante du nombre de faux praticiens qui exercent tous secteurs confondus, la santé italienne prend un sacré coup de plomb de l’aile. À Palerme, un faux chirurgien esthétique avait ouvert une clinique et ses assistants n’étaient pas encore diplômés. Aux portes de Milan, un « pédiatre » a soigné les enfants de la petite bourgeoisie locale pendant dix-neuf ans. Toujours dans le nord du pays, un « orthopédiste » était devenu le spécialiste traitant d’une équipe de basket ! Sans parler des comptables devenus gynécologues à mi-temps pour arrondir leurs salaires ou de cet urologue dénoncé par son épouse (qu’il trompait).
Face à l’augmentation du nombre de faux praticiens, les Italiens s’inquiètent et s’interrogent sur la marche à suivre. D’abord, comment enquêter sur le parcours universitaire d’un chirurgien avant de passer sur le billard ? Et comment débusquer une fausse blouse blanche parfaitement équipée ? Ordonnances, instruments de précision pour les liftings et les appendicites, la panoplie de ces médecins est en effet toujours complète. Sans parler du fait que la plupart n’hésitent pas à s’offrir une page de publicité pour vanter leurs compétences sur Internet et dans la presse locale afin d’augmenter leur clientèle.
Alors que faire ? « Pour bloquer les fraudes, il faudrait remettre le système à plat », estime Marco Macri, gynécologue urgentiste à Rome. Le son de cloche est identique du coté du conseil de l’Ordre des médecins. « Nous avons un long contentieux avec les universités italiennes. Certaines écoles de spécialisation ne demandent pas aux candidats d’être inscrits à l’Ordre national, ce qui serait une façon de prouver qu’ils ont obtenu leurs diplômes », explique Amedeo Bianco, président de la Fédération de l’Ordre des médecins.
Le gisement des remplacements.
Autre problème : les remplacements dans les cabinets de médecins traitants. Là encore, les contrôles n’existent pas, une poignée de main entre le titulaire du cabinet et son remplaçant est généralement suffisante. Reste enfin l’aspect juridique et la légèreté des peines encourues par les faux praticiens. « Certains rient, disent qu’ils paieront l’amende de 500 euros puis ouvriront un nouveau cabinet ailleurs », a rapporté le capitaine Marco Datti, de la brigade financière, à un quotidien italien.
Certaines affaires ont mal tourné comme celles de Marco Schiavazzi, un faux gynécologue condamné en 2005 à 14 ans et demi de prison pour homicide volontaire. Et pourtant, rien n’a bougé depuis. Le nombre de fausses blouses blanches continue d’augmenter, les scandales d’éclater et les Italiens de s’inquiéter.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024