Risque cardiovasculaire et travail : les preuves s’accumulent

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Publié le 13/06/2024
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Les facteurs professionnels de risque cardiovasculaire sont de mieux en mieux connus et accessibles à la prévention. Le maintien dans l’emploi des travailleurs présentant des facteurs de risque et des maladies cardiovasculaires est aussi une question cruciale.

Et si on se levait davantage pour travailler ?

Et si on se levait davantage pour travailler ?
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Si les maladies cardiovasculaires demeurent une des premières causes de morbimortalité en population générale, elles en constituent la première cause dans la population active suivie en santé au travail.

Modifiables ou non, les facteurs de risque cardiovasculaire sont nombreux. « Les facteurs individuels expliquent environ 60 à 70 % du risque, le reste pourrait être le fait de facteurs professionnels ou environnementaux. Les liens entre le travail et les facteurs de risque cardiovasculaire sont de plus en plus documentés », note la Dr Yolande Esquirol (CHU de Toulouse). Trois grands risques professionnels sont bien identifiés.

Travail posté et de nuit

Une récente revue générale, publiée en 2022, a montré un excès de risque de diabète d’environ 10 % pour l’ensemble des travailleurs postés (1). Concernant le surpoids, l’excès de risque était de 25 %, pouvant atteindre 38 % chez les travailleurs de nuit. Un excès de risque d’hypertension d’environ 30 % a été estimé pour les travailleurs de nuit alternants.

En revanche, les liens avec les troubles lipidiques, la sédentarité, les habitudes tabagiques et les facteurs de stress psychosociaux professionnels ont été peu analysés dans les études disponibles. « Ces résultats confirment la nécessité de mettre en place un suivi précoce et approprié des facteurs de risque cardiovasculaire chez les travailleurs de nuit, associé à des améliorations des conditions de travail en lien avec les horaires », plaide la Dr Esquirol.

Travail sédentaire

Un autre facteur de risque désormais bien connu est la sédentarité, qui doit être pleinement considérée comme un risque professionnel et une préoccupation majeure des employeurs et des professionnels de santé.

L’activité physique de loisir ne compense que partiellement les effets négatifs de la sédentarité au travail (2). « Bouger au travail sans excès (marcher, rester debout) est bénéfique, rappelle la Dr Esquirol. C’est un sujet d’intérêt majeur. Aujourd’hui, les initiatives proposées en entreprise afin de réduire la sédentarité se multiplient. »

Stress au travail

Le stress global est un facteur de risque de maladies cardiovasculaires connu depuis plusieurs années (3). Celui en lien avec le travail a été de plus en plus étudié cette dernière décennie. Ainsi, un excès du risque cardiovasculaire a été constaté chez les personnes exposées à un stress au travail (« job strain ») élevé, par rapport à des personnes non exposées (4). Plus récemment, à partir de la cohorte française Constances, il a été montré que le déséquilibre entre les efforts et les récompenses au travail augmente le risque cardiovasculaire (5).

« Chez certains patients exposés à des risques professionnels avec de potentielles conséquences cardiovasculaires, il serait légitime de proposer un suivi précoce des facteurs de risque et d’envisager les possibilités d’amélioration des conditions de travail, tant sur le plan organisationnel, technique et psychosocial, plaide la spécialiste. Le rôle préventif des services de santé au travail est capital. »

D’autres facteurs professionnels pourraient causer un risque ou des maladies cardiovasculaires, ils font l’objet d’études complémentaires afin de préciser leur implication.

(1) Boini S. et al. Front Public Health. 2022 Nov 23:10:1034195
(2) Dutheil F. et al. Presse Med. 2017 Jul-Aug;46(7-8 Pt 1):703-7 
(3) Rosengren A et al. Lancet. 2004;364(9438):953-62
(4) Kivimäki M et al. Lancet. 2012;380(9852):1491-7 
(5) Siegrist J. et al. Occup Environ Med. 2023 Sep;80(9):507-13

Retour à l’emploi après un événement

Après un syndrome coronarien, la question de l’aptitude et du retour au travail du patient se pose fréquemment. « La collaboration multidisciplinaire (cardiologue, médecin du travail et médecin de réadaptation, médecin coordonnateur des soins) est indispensable pour prendre en charge le patient, et son retour et maintien à l’emploi, souligne la Dr Esquirol (Toulouse). Elle doit se faire le plus tôt possible afin de pouvoir anticiper si l’on doit adapter transitoirement le poste de travail, ou s’il s’avère nécessaire de chercher un autre poste en adéquation avec son état de santé. »


Source : Le Quotidien du Médecin