La myopie ne constitue pas seulement une pathologie réfractive, mais elle est aussi source de complications rétiniennes, et cause de cécité. « Chaque dioptrie supplémentaire augmente le risque de malvoyance de 67 %, chaque dioptrie en moins le réduit de 40 % », souligne la Pr Dominique Bremond Gignac (Hôpital Necker, AP-HP). D’où l’importance de reconnaître précocement la myopie chez l’enfant, pour la corriger mais aussi pour s’assurer sa prévention et sa freination.
Les mesures environnementales sont maintenant bien connues ; elles ont l’avantage de s’adresser à tous mais ne sont pas toujours simples à mettre en pratique. L’épidémie de Covid a fait la preuve de ce qu’il ne fallait pas faire ! Le peu d’exposition à la lumière extérieure et l’augmentation du temps passé sur les écrans a augmenté la myopie et sa progression.
Chez les enfants, il faut augmenter les activités extérieures, améliorer l’ensoleillement des classes, l’exposition à la lumière du jour (mais avec une protection solaire), respecter une distance de lecture d’au moins 30 cm, réduire le travail sur écran, favoriser le « coucher tôt », du fait des interactions myopie/mélatonine.
Des verres correcteurs efficaces
L’orthokératologie a l’intérêt de libérer le myope (jusqu’à –6D) du port de lunettes ou de lentilles dans la journée. Le port nocturne quotidien de lentilles semi-rigides permet d’aplatir la partie centrale de la cornée et d’épaissir la périphérie. Le risque d’infections ou de mauvaise oxygénation de la cornée est relatif. Cette méthode est prometteuse, mais il est difficile de mener des essais randomisés
Il existe quatre types de verres correcteurs défocalisants sur le marché en France. Ils créent une défocalisation non hypermétropique en moyenne périphérie tout en gardant une correction myopique optimale dans la zone centrale de la vision du verre. Ils s’adressent à toutes les myopies. « Des études cliniques robustes montrent l’efficacité de ces verres freinateurs, mais on n’a de recul important que pour Miyosmart (Hoya) et Stellest (Essilor) », souligne l’ophtalmologiste.
Les lentilles de contact souples défocalisantes MySight (Cooper), journalières et jetables, assurent une bonne freination de la myopie (autour de 60 % sur les dioptries) ; on manque d’essais aussi convaincants pour les autres lentilles défocalisantes.
L’atropine, efficace mais
Les meilleurs résultats freinateurs ont été obtenus avec l’instillation d’atropine. Dosée à 1 %, elle réduit la progression de la myopie de 77 %, mais au prix d’un certain nombre d’effets secondaires. Aussi préfère-t-on les formes minidosées, à 0,01 % ou 0,05 %, qui assurent une réponse efficace et dose-dépendante, et très peu d’effets secondaires. Il existe un risque d’effet rebond après arrêt du traitement, surtout pour les dosages les plus élevés.
Et la lumière fut rouge
Dans les modèles animaux, l’exposition à une lumière rouge monochromatique se révèle protectrice. Les résultats des essais cliniques sont probants, mais on ne connaît pas les mécanismes moléculaires ni cellulaires.
Une étude multicentrique chinoise et australienne (1) randomisée montre suggère l’efficacité de deux séances de trois minutes par jour. Après six mois, le traitement à base de lumière rouge réduit significativement la progression de la myopie et l’allongement axial, par rapport au traitement factice. Aucun effet indésirable n’est à déplorer mais on manque encore de recul sur cette technique.
Exergue : « Chaque dioptrie supplémentaire augmente le risque de malvoyance de 67 % »
Session EAO : « Traitements freinateurs de la myopie » (1) Xiong R et al. Clin Exp Ophthalmol. 2022 Dec;50(9):1013-24
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