• Des avantages reconnus
La riche vascularisation de la zone turbinale explique que la voie intranasale puisse être mise à profit : une fois pulvérisé et inhalé, le principe actif, résorbé par l’épithélium nasal, gagne le flux vasculaire avec un profil cinétique souvent proche de celui de la voie I. V. Ses propriétés physicochimiques sont essentielles pour assurer un passage systémique satisfaisant et une efficacité rapide : les molécules non ionisées passent plus facilement dans le sang. Diverses techniques galéniques (microsphères mucoadhésives, promoteurs d’absorption) améliorent la biodisponibilité intranasale de certains médicaments.
Avantages. La voie intranasale évite le premier passage hépatique ou entérique ; elle améliore l’efficacité de médicaments dont la biodisponibilité orale est réduite. Non invasive, elle supprime l’inconfort et l’appréhension des injections. Facile et peu coûteuse à mettre en œuvre, cette technique permet au patient, manipulant un dispositif simple et peu coûteux à fabriquer, de contrôler lui-même son traitement (dose, moment de l’administration) et contribue à améliorer l’observance.
Inconvénients. La voie intranasale ne permet pas le passage systémique de molécules trop grosses. Le volume de la dose doit être réduit (< 200 µL) pour limiter la fraction déglutie ou évacuée. L’absorption est limitée dans le temps par le drainage mucociliaire : les médicaments restent en contact avec la muqueuse seulement 10 à 15 minutes. De plus, l’activité enzymatique intense de l’épithélium nasal compromet le passage de principes actifs peptidiques. L’absorption intranasale dépend de l’intégrité de la muqueuse nasale (elle est modifiée par l’association à un vasoconstricteur local en cas de rhinite) et peut donner lieu à des réactions d’intolérance locale (douleurs, saignements).
• Des médicaments diversifiés
L’administration intranasale connaît un succès que traduit la commercialisation de médicaments à visée systémique diversifiés dont nous n’évoquons ici que quelques exemples.
Antimigraineux.
Pour la migraine, l’avantage du spray nasal réside dans le fait que la crise s’accompagne parfois de nausées et de vomissements : il est donc alors plus confortable d’utiliser la voie intranasale plutôt qu’orale. Sont disponibles en France le sumatriptan (Imigrane®) et la DHE (Diergo-spray®).
Endocrinologie.
Les analogues de la vasopressine (desmopressine : Minirin® spray) dans le traitement du diabète insipide. Une calcitonine nasale (Miacalcin®), indiquée dans le traitement de l’ostéoporose, est disponible aux États-Unis. La nafaréline (Synarel®) est indiquée dans l’endométriose. Enfin, une testostérone intranasale (Tefina®) est en développement dans le traitement de l’anorgasmie féminine.
Antalgie.
Le fentanyl, antalgique de palier 3, est décliné en plusieurs spécialités (Instanyl®, Pecfent®). Un spray nasal antalgique non-opiacé a été récemment commercialisé sur le marché américain : le kétorolac trométhamine (Sprix®), destiné au traitement bref (≤ 5 j) des douleurs d’intensité modérée à sévère, est aussi efficace que le même médicament utilisé par voie intramusculaire.
Oncologie.
Seule la buséréline (Suprefact® nasal) est disponible en France dans ce type d’indication. L’efficacité des vaccins curatifs dirigés contre des tumeurs muqueuses (pulmonaires, ORL, coliques, etc.) serait conditionnée par leur voie d’administration : inactifs par voie IM, ils le seraient, sur modèle murin, après administration nasale.
Vaccins.
Depuis 2011, le vaccin grippal Fluenz®, vaccin vivant atténué administré par voie nasale, possède une AMM européenne. Il stimule l’immunité de l’arbre bronchique exactement comme un vaccin administré par voie parentérale.
Neuropsychiatrie.
L’armée américaine finance actuellement la conception d’un spray nasal à base de thyréostimuline (TSH) qui provoquerait un effet euphorique, calmant et antidépresseur immédiat, destiné à empêcher les raptus suicidaires dans l’armée.
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