Le virus HPV développe des stratégies pour contrer la réponse immunitaire de l’hôte. La persistance de l’infection résulte d’une balance entre les capacités de réponse immunitaire de l’individu et les stratégies immunosuppressives de l’HPV.
Une des réponses immunitaires innées principales est liée à l’activation des récepteurs Toll-like (TLR), permettant la reconnaissance non spécifique précoce des pathogènes. Ces TLR sont présents à la surface et au sein de nombreuses cellules. L’HPV 16 pourrait diminuer l’activité des TLR, favorisant la persistance de l’infection. Les TLR sont aussi étroitement associés à l’élaboration de la réponse cellulaire T-cytotoxique, qui joue un rôle dans la clairance des dysplasies précancéreuses.
Les oncoprotéines E6-E7 des HPV 16 et 18 dérégulent la E-cadhérine, intervenant dans l’adhésion cellulaire et la migration des cellules présentant les antigènes. Or il n’existe pas ou peu d’expression des molécules d’adhésion dans les dysplasies sévères, ce qui témoigne d’une diminution de la capacité à présenter l’antigène. Ces diverses données expliquent l’intérêt de l’utilisation des agonistes TLR dans les stratégies thérapeutiques.
Immunostimulation
De même que les déficits immunitaires, iatrogéniques ou liés au VIH, favorisent le développement des pathologies liées à l’HPV, l’immunostimulation, spécifique ou non, a montré une certaine efficacité et pourrait améliorer la clairance de l’infection. Les traitements non-immunitaires comme la cryothérapie, le laser, la chirurgie pourraient, en induisant une inflammation, modifier favorablement la balance immunitaire. Ces réactions n’existent qu’au niveau local et ne sont pas mesurables au niveau systémique mais pourraient cependant assurer une protection durable vis-à-vis des récidives ou des ré-infections.
Un nouvel antigène
Les vaccins thérapeutiques constituent une stratégie intéressante en cas de néoplasie associée à l’HPV. On utilise classiquement, comme antigènes, les oncogènes E6/E7, mais la réponse clinique paraît moins bonne dans les lésions cancéreuses avérées que dans les lésions précancéreuses. Un nouvel antigène est en cours d’étude, le peptide p16INK4a. Il est fortement surexprimé dans des lésions précancéreuses et les cancers associés à l’HPV, et pourrait témoigner de la transformation néoplasique médiée par l’HPV. Une étude clinique de phase I/IIa a testé une vaccination thérapeutique utilisant le p16INK4a chez des patients atteints de cancers associés à l’HPV. Elle a confirmé les réponses immunitaires cellulaires et humorales contre le peptide avec une bonne tolérance.
Col utérin et oropharynx : quelle différence ?
Dans les deux localisations, utérine et oropharyngée, la présence au sein du carcinome spinocellulaire d’un infiltrat dense par des cellules T CD8+ mais un faible nombre de cellules T suppressives constitue un facteur indépendant de bon pronostic. Dans le cancer du col, une forte infiltration intra-épithéliale de macrophages M1 matures est également un facteur de bon pronostic, pas la présence de macrophages M2, alors qu’ils sont de mauvais pronostic au niveau de l’oropharynx.
Dans les deux localisations, on retrouve des cellules T spécifiques du HPV dans la moitié des cas. Leur présence s’accompagne d’une meilleure infiltration CD8 des lymphocytes T et d’un profil immunitaire de rejet et s’associerait à un plus long délai avant la récidive. Des stratégies visant à augmenter le nombre de cellules T spécifiques de l’HPV pourraient améliorer les réponses au traitement standard.
D’après les communications de Anna-Barbara Moscicki (Etats-Unis), Andreas M. Kaufmann (Allemagne), Miriam Reuschenbach (Allemagne), Sjoerd H. van der Burg (Pays-Bas)
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