Des chercheurs de l’INSERM viennent de publier de nouvelles données dans le « Journal of the American Geriatrics Society », obtenues à partir de l’étude épidémiologique PAQUID, montrant un moindre déclin cognitif chez les personnes âgées si leur déficit auditif est corrigé par un appareil auditif.
Diverses études avaient déjà suggéré l’implication des troubles auditifs dans le fonctionnement cognitif – la dépression, l’atrophie cérébrale, les activités sociales, les actes courants de la vie quotidienne ou encore les comorbidités. Mais peu de données existent sur le déclin à long terme des personnes âgées souffrant de troubles de l’audition, et sur l’effet éventuel que pourrait avoir leur prise en charge au moyen d’une prothèse auditive.
Une cohorte suivie pendant 25 ans
Grâce au recul de l’étude PAQUID, l’équipe du Pr Hélène Amieva (Unité INSERM 897, Bordeaux) a pu analyser l’effet des troubles auditifs, avec ou sans appareillage, sur l’évolution des fonctions cognitives, au sein d’une cohorte suivie pendant 25 ans. Au début des années quatre-vingt-dix, la cohorte PAQUID a inclus 3 772 personnes, âgées de 65 ans et plus.
65 % ne présentaient pas de trouble auditif gênant, 31 % rapportaient une gêne modérée et 4 % une gêne majeure. Parmi les sujets rapportant une gêne : 150 étaient appareillés et 1 179 ne l’étaient pas.
Une différence au test MMSE de 1,5 point
Les résultats montrent que les personnes avec un trouble de l’audition et non-appareillées présentaient un déclin au test MMSE significativement plus important sur 25 ans que les personnes sans trouble auditif. « La différence était de 1,5 point, cliniquement significative », a précisé le Pr Hélène Amieva. « En revanche, le déclin au test de MMSE du groupe de sujets ayant des troubles de l’audition mais portant une prothèse auditive ne différait pas de celui du groupe de référence, à savoir les sujets sans trouble auditif ».
Cette étude suggère, pour la première fois, qu’il n’existerait pas de lien direct entre trouble auditif et déclin cognitif, dans la mesure où, avec une prise en charge audio-prothétique, le déclin cognitif n’est plus majoré chez les personnes avec une perte auditive. « Il s’agit toutefois d’une étude observationnelle, a noté le Pr Hélène Amieva. Une étude d’intervention serait nécessaire pour confirmer ces premiers résultats encourageants. »
Pour un dépistage et une prise en charge précoces
Le port d’une prothèse agirait positivement sur la cognition, en restaurant les capacités de communication, en favorisant le maintien d’activités sociales et la qualité de vie. Ces résultats plaident en faveur d’un dépistage et d’une prise en charge des troubles de l’audition chez les personnes âgées.
C’est ainsi que le SNORL (Syndicat National des médecins spécialisés en ORL et CCF) et l’UNSAF (Syndicat national des audioprothésistes) ont mis au point une fiche informative à l’attention du corps médical et des patients afin de les sensibiliser à ce risque.
« L’utilisation d’appareils auditifs a maintenant un rôle démontré dans la prévention du déclin cognitif. L’amélioration de la prise en charge des audioprothèses pour adultes, dont les tarifs n’ont pas été revus depuis 1986, pourra se faire au bénéfice de la qualité de vie des utilisateurs et au bénéfice des finances publiques », a conclu Luis Godinho, président de l’UNSAF, lors d’une conférence de presse organisée conjointement par l’INSERM, le SNORL et l’UNSAF.
30 % des personnes de 65 ans et plus ont une perte auditive
2/3 des 70 ans et plus
70-90 % des 85 ans et plus.
2/3 de ces personnes ne seraient pas appareillées
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