La 11e édition de la Semaine du son qui se déroule partout en France, centre ses messages de prévention autour des nouveaux usages du casque audio et des ses excès. Adoptés par les plus jeunes, dès l’école primaire, le port excessif des casques audio ou baladeurs, comme l’exposition aux fortes intensités sonores en discothèque, menace la santé auditive.
Des mesures préventives simples existent : responsabiliser les parents, consulter, pratiquer un audiogramme, recommander des bouchons auditifs favorisant une écoute musicale de bonne qualité.
Si les comportements et les mode de vie ne changent pas
Tous les jeunes accros au casque audio seront-ils victimes de troubles auditifs précoces ? Aux États-Unis, des sites internet sur cette thématique s’appuient sur le témoignage des rock star des années soixante-dix qui ont subi de fortes expositions sonores à une époque où l’on prenait peu de précautions : Neil Young, Phil Collins, Eric Clapton, Bono et bien d’autres racontent sans tabou leur surdité précoce ou leurs acouphènes devenus insupportables.
La France manque cruellement d’études en population sur le sujet, mais les ORL l’observent en consultation. La prévalence des troubles de l’audition liée aux expositions sonores intempestives augmente chez les jeunes. Les traumatismes surviennent soit en raison d’une écoute prolongée, des heures durant, avec un matériel parfois peu adéquat, et sans repos auditif, soit d’une exposition à un niveau sonore intense (rêve party), les dégâts s’additionnant. Et ça commence très tôt. Une enquête menée en 2013 par le Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB) sur 394 élèves de CE1 et de CM2 montre que près d’un élève sur deux écoute un MP3, 21 % le font tous les jours et 35 % plusieurs fois par semaine. Les risques auditifs sont mal perçus : 39 % des collégiens et 31 % des lycéens estiment qu’écouter longtemps le baladeur à un fort niveau ne présente pas de risque pour la santé.
« C’est un enjeu important. L’effet est cumulatif. L’exposition sonore liée au port du casque, au bruit de la moto, des boîtes de nuits,... s’additionne et menace les générations à venir de troubles auditifs précoces, témoigne le Dr Alain Londero, ORL à l’hôpital Européen Georges Pompidou, Paris. Sachant que parallèlement l’espérance de vie augmente, si les jeunes commencent à s’abîmer les oreilles très tôt ce sera un vrai problème de santé publique, on risque de fabriquer des générations de sourds ».
20 000 cellules non régénératives
L’oreille est un organe fragile, doté depuis la naissance de moins de 20 000 cellules ciliées qui fonctionnement tout le temps et ne se régénèrent jamais. Ces cellules ont une spécificité fréquentielle très pointue « c’est quasiment une cellule, une fréquence » explique le Dr Londero, insistant sur la subtilité de l’organe d’autant plus fragile que le sujet est jeune. Des études américaines récentes viennent de montrer que les traumatismes sonores chez des souris jeunes génèrent des lésions plus importantes que chez les souris vieilles. Les lésions ne se situent pas sur les cellules ciliées mais sur les fibres nerveuses, le système nerveux auditif du jeune étant encore immature. « Une étude transposable à l’homme » assure le Dr Londero.
« Lorsqu’un jeune qui consulte parce que son oreille siffle depuis la sortie en boite de nuit, il ne faut pas se contenter de prescrire un vasodilatateur et de la cortisone dont on connaît la faiblesse du résultat mais il faut insister sur les mesures préventives, proposer la réalisation d’un audiogramme et la rencontrer un professionnel capable d’adapter un bouchon d’oreille qui rende l’écoute agréable car il ne s’agit pas de couper les jeunes de la musique, poursuit Alain Londero.
Des jeunes qui risquent d’être confrontés à des situations professionnelles où mal entendre crée un vrai problème lié à la façon dont on travaille aujourd’hui : internet, open-space, webconférence...
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024