Malgré l’appel médiatique à la suppression des notes à l’école élémentaire, le ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel ne semble pas enclin à suivre cette recommandation, estimant que la note peut « être utile » pour avoir des repères et mesurer les résultats des élèves. Une vingtaine de personnalités, parmi lesquelles les pédopsychiatres Nicole Catheline et Marcel Rufo, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik et le généticien Axel Kahn, ont signé la pétition lancée par une association d’étudiants bénévoles pour le soutien scolaire, l’AFEV (afev.fr).
Selon le texte de l’appel, le système de notation « et l’obsession du classement auquel il répond, crée, dès l’école élémentaire, une très forte pression scolaire et stigmatise les élèves qu’il enferme, progressivement, dans une spirale d’échec ». Le modèle éducatif de la Finlande est cité en exemple : alors que le pays caracole « en tête des classements internationaux en matière d’éducation, les élèves sont évalués pour la première fois à 9 ans de façon non chiffrée et commencent à être notés seulement à partir de 11 ans ». « Il ne faut pas voir la note comme l’échec, comme le rejet, comme la sanction. C’est aussi l’évaluation d’un travail, ça peut être pour l’élève un objectif et ça peut être un projet de progression pour l’élève », répond Luc Chatel. Le ministre signale parallèlement que la loi Fillon sur l’école de 2005 avait prévu, à côté de l’actuel système de notation par les enseignants, « une évaluation par connaissances et compétences » acquises ou non par l’élève tout au long de sa scolarité obligatoire. « Je pense que nous avons progressé avec cette double évaluation, les notes d’un côté et l’évaluation par compétences d’un autre côté », assure-t-il. Mais pour Bertrand Gimmonet, professeur des écoles et docteur en sciences de l’éducation, la « logique de la note tend à enfermer tous les acteurs scolaires, élèves, parents, enseignants dans une évaluation qui se définit comme un entre-deux dont les bornes sont d’un côté le savoir et de l’autre le valoir. À l’intérieur de cet espace pédagogique obligé, les élèves doivent sans cesse se situer entre ce qu’ils savent et ce qu’ils valent. L’incertitude de cette posture est source d’une angoisse latente mais bien réelle », écrit-il dans un article publié dans « le Dictionnaire de l’adolescence et de la jeunesse » (sous la direction de David Le Breton et Daniel Marcelli, Éditions PUF, 2010).
Trop de pression.
De son côté, le Dr Nicole Catheline, qui s’intéresse aux questions liées à la scolarité depuis plus d’une trentaine d’années, ne voit, elle non plus, aucune amélioration. « Les notes telles qu’elles sont délivrées à l’école ne sont pas représentatives des compétences des élèves et encouragent fortement la pression scolaire ». Une pression qui se traduit par l’augmentation du refus scolaire, des états dépressifs et du harcèlement, un phénomène complexe qui mêle à la fois les élèves, lesparents et les enseignants, comme le constate la pédopsychiatre. Au sein du centre hospitalier Henri Laborit (Poitiers), elle dirige depuis quinze ans une institution pilote pour les enfants de 11 à 15 ans en échec scolaire, « Mosaïque ». L’équipe propose d’instaurer des groupes thérapeutiques dans le cadre d’ateliers sportifs, créatifs, artistiques.
« L’objectif du travail de soins avec médiation consiste à trouver les voies pour réinvestir le plaisir à penser. Notre but est de soutenir les enfants narcissiquement, à la fois dans une dynamique de groupe mais aussi dans le cadre d’une relation individuelle. » S’il n’est pas question de remettre en cause la compétition, qui aiguillonne l’effort, il s’agit d’en changer l’esprit vers une évolution personnelle plus que vers une exigence de réussite. Pour Nicole Catheline, le jugement des copies devrait être ainsi plus explicite et nuancé afin de permettre à l’élève mais aussi à ses parents de mesurer ses compétences.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024