La précarité alimentaire dès les premières années de vie pèse sur la santé de l’enfant et adolescent

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Publié le 17/09/2024
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Risque d’obésité dès l’enfance ou l’adolescence, durée d’hospitalisation plus longue, voire réadmission : deux publications du « Jama Pediatrics » explorent les effets de l’exposition à l’insécurité alimentaire sur la santé des enfants.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Les conséquences sur la santé de la précarité alimentaire vécue dans l’enfance ou pendant la grossesse de la mère restent mal connues. Deux publications publiées dans Jama Pediatrics apportent un éclairage inédit.

La première, une étude financée par le programme Environmental influences on Child Health Outcomes (ECHO) des Instituts américains de la santé (NIH), s’est penchée sur le risque de développer une obésité dès l’enfance ou l’adolescence pour ceux qui grandissent dans des quartiers à faible revenu et à faible accès à la nourriture*. Pour rappel, le lien entre insécurité alimentaire et obésité à l’âge adulte a déjà été établi.

Les données de 28 359 paires mère-enfant ont été analysées. Parmi elles, 23,2 % résidaient dans des quartiers à faible revenu et à faible accès à la nourriture pendant la grossesse et 24,4 % pendant la petite enfance. Ces enfants, exposés pendant la grossesse ou la petite enfance à l’insécurité alimentaire, avaient un indice de masse corporel (IMC) plus élevé. Après une exposition pendant la grossesse par exemple, le risque d’obésité et d’obésité sévère était accru respectivement de 37 % et de 21 % à 5 ans, de 71 % et 54 % à 10 ans et, pour les deux, doublé à 15 ans. Les résultats étaient similaires pour une exposition pendant les premières années de vie.

Des stratégies d’accès à une alimentation saine à améliorer

« Vivre dans un quartier avec accès à des aliments sains pendant ces étapes de la vie peut être un facteur important pour prévenir le développement de l’obésité plus tard dans l’enfance et l’adolescence, commente, dans un communiqué, Izzuddin Aris, épidémiologiste au Harvard Pilgrim Health Care Institute et premier auteur. Nos résultats confirment la nécessité de poursuivre les recherches sur les stratégies visant à améliorer l’accès à une alimentation saine dès le plus jeune âge. »

La deuxième publication est une lettre de recherche, signée par des chercheurs de la faculté de médecine de l'université Wake Forest (Caroline du Nord) qui se sont intéressés à l’impact de la précarité alimentaire sur la durée des séjours hospitaliers des enfants exposés et sur le risque de réadmission. « On sait peu de choses sur la manière dont l’insécurité alimentaire des petits patients hospitalisés peut avoir un impact sur les résultats hospitaliers », explique la Dr Leila DeWitt, pédiatre à l’école de médecine d’université Wake Forest, dans un communiqué.

Les chercheurs se sont intéressés aux données de 9 325 consultations (45 % de filles, âge médian à 7,1 ans) menées à l’hôpital entre mai 2022 et décembre 2023. Les responsables des enfants hospitalisés ont été interrogés pour déterminer s’ils mangeaient moins que ce qu’ils pensaient être suffisant, s’étaient sentis affamés ou avaient sauté des repas par manque d’argent. Une réponse positive classait l’enfant concerné comme exposé à la précarité alimentaire. L’insécurité alimentaire du ménage a également été évaluée via le test Hunger Vital Sign.

Il en ressort que 8 % des responsables d’enfants hospitalisés étaient en état d’insécurité alimentaire (6 % si on considère le ménage). Les enfants souffrant d’insécurité alimentaire ont passé 2,4 jours de plus à l’hôpital et ont eu 1,8 fois plus de chances d’être réadmis dans les 30 jours.

« Ces résultats indiquent l’importance d’un dépistage spécifique de l’insécurité alimentaire des patients hospitalisés, souligne la Dr DeWitt. Identifier les parents ou responsables qui ont besoin d’un soutien supplémentaire améliorera la santé des enfants et réduira les disparités dans les résultats hospitaliers. »

* Le terme « faible revenu et faible accès à la nourriture » fait référence à un quartier dont un tiers ou plus de résidents vivent à plus d’un demi-mile (soit un km) d’une épicerie dans les zones urbaines ou à plus de 10 miles (16 km) dans les zones rurales.


Source : lequotidiendumedecin.fr