Au cours des dernières décennies, l'incidence de l'asthme et des allergies s'est accrue, conséquence probable des modifications de l'environnement. En effet, les études montrent que les enfants vivant dans les centres-villes présentent un asthme plus sévère, plus difficile à contrôler. L'exposition aux polluants extérieurs et intérieurs a été mise en cause dans le développement de l'asthme et des exacerbations, et il paraît donc important de cibler ces différents polluants (animaux domestiques, moisissures, acariens, tabagisme, pollution de l'air et aéroallergènes) pour réduire la morbidité liée à l'asthme.
Le plus souvent, les enfants asthmatiques sont sensibilisés à différents allergènes et une approche multifactorielle semble préférable à une stratégie visant un seul allergène.
Les stratégies d'intervention doivent idéalement se fonder sur trois étapes : réduire les polluants intérieurs chez les sujets sensibilisés, éliminer les moisissures et les sources d'humidité et réduire l'exposition aux acariens présents dans les poussières de maison (1).
Acariens
La poussière de maison constitue l'une des principales sources d'allergènes intérieurs, en particulier au domicile et en milieu scolaire. Dermatophagoides farinae et Dermatophagoides pteronyssinus, les deux principaux types d'acariens, sont en outre fortement liés à un niveau d'humidité supérieur à 50 %. Les études ont montré que l'exposition à des taux élevés de poussières de maison est associée à un risque accru de sensibilisation allergique, d'asthme et d'exacerbations, ainsi qu'à un déclin de la fonction respiratoire (2). Les mesures les plus efficaces pour réduire les acariens sont le lavage et séchage hebdomadaires du linge de lit à haute température, le recours à des housses d'oreillers et de matelas anti-acariens, au contrôle de l'humidité (qui doit être maintenue en deçà de 50 %), l'éviction des tapis et l'utilisation d'aspirateurs HEPA (high efficiency particulate air). Les séjours en altitude sont également bénéfiques : un séjour de 3 mois en haute altitude permet de réduire significativement les paramètres inflammatoires et l'hyperréactivité bronchique et d'améliorer les symptômes et la fonction respiratoire.
Animaux domestiques.
Chats et chiens sont des compagnons très prisés dans les pays industrialisés où les allergies aux animaux domestiques sont fréquentes. Les principaux allergènes (FEL d1 pour les chats et Can f1 pour les chiens) sont présents sur la peau, les follicules pileux et dans la salive des animaux.
Les allergènes du chat, des molécules de 2 à 10 microns, persistent dans l'air ambiant et sur les vêtements et leur taux dans l'environnement intérieur ne commence à baisser qu'après 20 à 24 semaines après l'éviction de l'animal en cause. Le fait de donner des bains au chat ne réduit pas de façon significative le taux d'allergènes au domicile et l'Académie américaine d'allergie et d'immunologie (AAAAI) recommande de retirer l'animal du domicile ou, chez ceux qui refusent de le faire, d'utiliser des filtres HEPA (3).
Chez les enfants asthmatiques, Alternaria est la moisissure la plus impliquée dans le risque d'exacerbation et de crise sévère. Certaines mesures comme l'installation d'un mode de chauffage approprié, ont fait la preuve de leur impact bénéfique sur les symptômes. Des interventions spécifiques doivent cibler les infiltrations ou le stockage de matériaux humides. Le recours à des filtres HEPA est là encore bénéfique.
Tabagisme passif.
La fumée de tabac contient des particules organiques semi-volatiles, volatiles et solides qui sont toxiques, carcinogènes et irritantes pour les yeux et le tractus respiratoire. Les études soulignent que la moitié des enfants asthmatiques sont exposés au tabagisme passif et que plus de 60 % ont une mère ou une nourrice fumeuse (4).
Il faut aussi prendre en compte les effets particulièrement néfastes pour les enfants des particules qui persistent pendant des semaines voire des mois sur les meubles et les vêtements.
Pollution extérieure.
L'exposition aux polluants et allergènes extérieurs au cours de la première année de vie pourrait être associée au développement du wheezing et de la toux. Afin de mieux contrôler cette exposition, il importe d'informer les parents sur l'évolution de la saison pollinique et de réduire le temps passé en extérieur lors des pics polliniques et lors des orages, qui exposent à des relargages massifs d'allergènes et de ce fait à des exacerbations sévères.
D'après Laura Tenero et Giorgio Piacentini, Vérone, Italie. «Environnemental control in the management of asthma. »
(1) Hollenbach JP et al. Pediatr Clin N Am 2015 ;62(5):1199-1214
(2) Pingitore G et al. Eur Ann Allergy Clin Immunol 2013;May;45(3):74-7
(3) Wright L et al. Curr Allergy Asthma Rep 2014;March;14(3):419
(4) Kanchongkittiphon W et al. Asian Pac J Allergy Immunol 2014 June;32(2):103-10
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