La santé respiratoire face au changement climatique

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Publié le 23/01/2025
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Fil rouge de cette 29e édition du Congrès de pneumologie de langue française, les liens entre pathologies respiratoires, environnement et changement climatique constituent un sujet d’actualité, qui inquiète les patients et face auquel les pneumologues sont en première ligne. Tour d’horizon avec la Pr Claire Andrejak, secrétaire générale du conseil scientifique de la Société de pneumologie de langue française (SPLF).

La reforestation et l’air marin préservent le microbiote environnemental

La reforestation et l’air marin préservent le microbiote environnemental
Crédit photo : SYSPEO/SIPA

Pollution, changement climatique : si on en entend parler tous les jours dans les médias, de fausses idées circulent et les patients s’interrogent. « En choisissant cette thématique transversale, nous voulions donner aux pneumologues, mais aussi aux médecins généralistes, des outils pour améliorer leurs connaissances sur le sujet. On se rend compte que le changement climatique aggrave les pathologies respiratoires, et que nous devons adapter notre prise en charge. Les patients nous posent de nombreuses questions. Il faut pouvoir leur répondre et leur prodiguer des conseils sur la base des connaissances scientifiques, souligne la Pr Claire Andrejak (CHU d’Amiens-Picardie). Par ailleurs, en tant que médecin, nous voulions aussi signaler que nous avons à faire évoluer notre façon d’exercer pour réduire notre empreinte environnementale. »

Il faut pouvoir prodiguer des conseils sur des bases scientifiques

Pr Claire Andrejak

Toutes les pathologies concernées

L’environnement entre en jeu dans toutes les pathologies respiratoires. L’asthme, la toux chronique, la BPCO, sont en première ligne, mais les infections respiratoires, le cancer pulmonaire, les pathologies interstitielles, sont aussi concernées.

Archétype de la maladie en lien direct avec l’environnement, l’asthme est soumis également aux variations climatiques. Et si le tabagisme est la cause première de BPCO, d’autres facteurs participent à la genèse et l’aggravation de cette pathologie : expositions professionnelles, pollution extérieure, mais aussi intérieure — souvent sous-estimée.

Dans la survenue du cancer bronchopulmonaire, la connaissance des facteurs de risques environnementaux impliqués est essentielle pour mener des actions de prévention, et proposer une prise en charge médicosociale adaptée à chaque individu. La session organisée par Groupe d’oncologie de langue française (Golf) fait ainsi le point sur les liens existants entre la survenue du carcinome bronchopulmonaire et l’exposition aux particules ultrafines de l’environnement, à la radioactivité naturelle ou induite et aux principales expositions professionnelles.

Des outils pratiques

La session « Changement climatique pour les nuls » se veut très pratique, en précisant à quoi s’attendre et comment mieux l’appréhender. Le Groupe d’assistance ventilatoire et Oxygène (GAVO2) et le Groupe pathologies pulmonaires professionnelles environnementales et iatrogènes (Pappei) proposent des outils pour protéger les patients, avec des conseils à donner face aux aléas climatiques. « Améliorer la qualité de l’air intérieur est important. Nous voulions montrer que des solutions étaient possibles pour s’adapter au changement climatique. Dan Lert exposera le plan climat de la ville de Paris et Agnès Hamzaoui (Tunis) les évolutions nécessaires des systèmes de santé pour se préparer au changement climatique », note la Pr Andrejak.

Les effets de conditions extrêmes (trop chaud, trop froid…) sur certaines pathologies sont aussi abordés. La session « Quand la solution vient de l’environnement » montre l’importance de la reforestation et de l’air marin afin de préserver le microbiote environnemental, et en conséquence limiter le risque de développer certaines pathologies respiratoires, notamment l’asthme.

Recommandations tuberculose et asthme

À côté des sessions du fil rouge, le congrès fait le tour des thématiques classiques, avec notamment deux sessions d’actualité générale (au lieu d’une seule habituellement), soit 12 présentations, au sujet de la pénurie des antibiotiques (amoxicilline, rifampicine…) avec un médecin de l’ANSM ; des anticorps conjugués en oncologie thoracique, nouvelle classe aujourd’hui disponible, qui suscite beaucoup d’espoir après les thérapies ciblées et les immunothérapies ; de la prise en charge médicamenteuse de l’obésité ou encore du SAOS.

Deux nouvelles recommandations sont aussi dévoilées au congrès. Contre la tuberculose pulmonaire, la SPLF est associée à la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf). « Ces recommandations proposent quelques bouleversements dans la durée des traitements pour les enfants : quatre mois au lieu de six. Pour les adultes, il n’y a pas de changement car la rifapentine (antibiotique à demi-vie longue), qui permettrait de raccourcir le traitement, n’est toujours pas disponible en Europe. La durée d’isolement des patients change et le BK tubage n’est plus le prélèvement recommandé en première intention », résume la Pr Andrejak.

La deuxième recommandation, conjointe avec la Société pédiatrique de pneumologie et d’allergologie (SP2A), concerne l’asthme de l’enfant. Ces textes sont disponibles sur le site de la SPLF.

Également en ligne, la mise à jour du Guide pratique de la vaccination, revient sur les vaccinations à proposer aux patients suivis pour maladie respiratoire.

À noter, concernant la vaccination contre les infections par le VRS chez l’adulte, la HAS recommande la vaccination saisonnière contre le VRS chez les personnes âgées de 75 ans et plus, ainsi que chez les 65 ans et plus présentant des pathologies respiratoires chroniques ou cardiaques. « Mais cette vaccination n’est toujours pas remboursée. Elle ne l’est que chez les femmes enceintes. C’est assez déroutant », déplore la pneumologue.

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin