Les maladies respiratoires évoluent souvent à bas bruit. Tout l’enjeu est de pouvoir les détecter précocement. La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) en est un exemple. De même, faute de dépistage organisé, près de 75 % des cancers du poumon sont diagnostiqués à des stades avancés ou métastatiques. Tels sont les temps forts présentés en avant-première du 28e congrès de pneumologie de langue française (CPLF), qui se tiendra à Lille, les 26 au 28 janvier prochains.
En France, comme dans d’autres pays, le sous-diagnostic de la BPCO est très élevé (entre 75 % et 90 % des cas ne seraient pas connus, d’après la Haute Autorité de santé en 2018). Dans ce contexte, la détection précoce par la spirométrie et l’action sur les facteurs précurseurs constituent un enjeu majeur. La PRISm (Preserved Ratio Impaired Spirometry) est un profil spirométrique caractérisé par un VEMS inférieur à 80 % de la valeur théorique et un rapport VEMS/CVF normal avec une altération sous-jacente de la fonction pulmonaire. Ce résultat spirométrique est associé à des symptômes respiratoires, mais sans trouble ventilatoire obstructif, et il pourrait constituer un signe précurseur de la BPCO, incitant le patient au sevrage tabagique et à l’activité physique.
Une surveillance régulière de la fonction respiratoire
Dans cet esprit, il est aujourd’hui acté qu’il faut se préoccuper de la trajectoire de la fonction ventilatoire tout au long de la vie. Le fil rouge du congrès est ainsi « Le poumon à chaque étape de la vie ».
« L’ensemble des professionnels de santé et les pneumologues doivent s’intéresser au développement de la fonction respiratoire et des éléments l’influençant, en pratiquant beaucoup plus tôt une évaluation de cette fonction, notamment en cas de facteurs de risque et de symptômes, , souligne le Dr Hervé Pégliasco (Hôpital Européen, Marseille). Ainsi, l’enfant prématuré et/ou qui fait des infections à répétition, même s’il n’est pas asthmatique, doit faire l’objet d’une surveillance précoce et régulière ».
Bientôt des expérimentations pilotes de dépistage du cancer du poumon
Chaque année en France, on estime à 33 000 le nombre de décès liés au cancer du poumon et à près de 53 000 le nombre de nouveaux cas. « Sans dépistage, 75 % des cancers sont diagnostiqués à des stades métastatiques. Avec un dépistage, 75 % des cancers sont diagnostiqués à un stade localisé accessible à un traitement local curatif », rappelle le Pr Jésus Gonzalez (CHU Pitié-Salpêtrière, AP-HP).
Deux études internationales (Nelson et NLST) ont déjà montré l’efficacité d’un dépistage organisé parmi une population à risque avec une diminution de la mortalité par cancer du poumon d’environ 20 %. En matière de dépistage organisé, la France a pris du retard par rapport à d’autres pays en Europe (Angleterre, Croatie, Pologne, République tchèque) et ailleurs dans le monde (États-Unis, Australie). Depuis février 2022, la Haute Autorité de santé reconnaît l’intérêt du dépistage du cancer du poumon par scanner faible dose et recommande de lancer des expérimentations. Un cahier des charges a été rédigé et au cours de l’année, l’Institut national du cancer (Inca) a prévu de lancer un appel à projets pilote.
« La Société de pneumologie de langue française soutient fortement l’idée d’un programme expérimental de santé qui aurait l’avantage d’impliquer tous les acteurs (pneumologues, radiologues, tabacologues, chirurgiens thoraciques, médecins généralistes…), mais aussi de permettre des campagnes de communication grand public qui sont le cœur du dépistage. Avec le déploiement du dépistage, nous pourrions sauver jusqu’à 7 500 vies chaque année », signale le Pr Sébastien Couraud (Hôpital Lyon Sud). Autre actualité phare du congrès, seront présentés les résultats actualisés de l’étude KBP -2020 qui confirment le lien entre l’exposition aux particules fines PM2,5 et les cancers mutés EGFR.
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