JUSQU’À une date récente, la plupart des données sur l’asthme et l’allergie étaient recueillies en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Lorsque l’étude internationale sur l’asthme et les allergies dans l’enfance (ISAAC) a démarré, en 1991, il était couramment admis que l’asthme, la rhinite et l’eczéma étaient des maladies presque exclusivement limitées aux pays occidentaux où leur prévalence augmentait, qu’elles y étaient plus sévères que dans les pays en développement, qu’elles étaient fortement liées à l’allergie, enfin que les données de la génétique ouvriraient la voie à la prévention.
L’étude ISAAC a impliqué 306 centres dans 105 pays dont 60 % de pays à faibles et moyens revenus. Elle a révélé que l’asthme, la rhinite et l’eczéma concernaient aussi les pays en développement, que ces trois maladies n’étaient pas plus sévères dans les pays riches, au contraire, et qu’elles étaient en augmentation dans de nombreuses régions, particulièrement dans les pays pauvres.
Contrairement à ce que l’on a cru longtemps, on sait aujourd’hui que moins de la moitié des cas d’asthme dans une population est en rapport avec une allergie. Au cours des vingt dernières années, les nombreuses tentatives de prévention de l’asthme et des maladies allergiques par éviction des allergènes se sont, pour beaucoup d’entre elles, soldées par un échec.
ISAAC a permis de montrer que l’asthme, la rhinite et l’eczéma étaient plus faiblement associés à l’allergie dans les pays en développement que dans les pays riches.
Les facteurs environnementaux, cibles de la prévention.
Si l’on considère que les déterminants de la maladie sont essentiellement économiques et sociaux, les solutions sont également économiques et sociales et il n’est donc pas étonnant que les études génétiques n’aient pas apporté les avancées que l’on en espérait. Plusieurs cibles environnementales ont été suggérées par les résultats d’ISAAC et confirmées par d’autres études. Les stratégies envisageables pour diminuer l’incidence de l’asthme et de l’allergie résident ainsi dans la lutte contre la pollution liée au trafic routier, la diminution du tabagisme, une consommation moindre de fast-food et plus importante de fruits et légumes, la promotion de l’allaitement maternel dans les pays en développement et la diminution de l’obésité.
L’accès aux traitements.
Une enquête menée en 2011 dans 50 pays à faibles et moyens revenus indique que seulement 28 % des patients asthmatiques ont une ordonnance de corticoïdes inhalés ; dans de nombreux pays ces médicaments ne sont pas facilement disponibles ou sont inabordables. Faciliter l’accès à ces traitements dans tous les pays est un élément fondamental de prévention. Cet accès aux médicaments est inscrit dans les objectifs du Global Asthma Network, un nouveau système de surveillance de l’asthme dans le monde qui s’efforce de faire reconnaître l’asthme comme une maladie non transmissible majeure, d’enregistrer l’évolution et les variations de l’asthme dans le monde et de promouvoir l’accès à une prise en charge adaptée pour tous les malades.
D’après une communication de M.J. Asher ( Auckland, Nouvelle-Zélande), abstract PLE-6.
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