DE NOTRE CORRESPONDANT
« UN NOMBRE de plus en plus important de conduites humaines semble susceptible de s’inscrire ou d’être repéré comme des problématiques d’abus ou de dépendance. De ce fait, le terme addiction voit son champ s’étendre bien au-delà des classiques addictions à des substances psychoactives », a expliqué Jean-Luc Venisse, directeur du pôle d’addictologie et psychiatrie du CHU de Nantes.
Les addictions dites comportementales regroupent ainsi toutes les conduites addictives sans consommation de substances psychoactives. Les principales sont : le jeu pathologique (sur Internet ou non), les achats et les débits compulsifs, la cyberdépendance, le sport extrême ou intensif, certains troubles alimentaires, les dépendances affectives, sexuelles ou sectaires.
« Dans tous ces troubles, le sujet accomplit de manière répétitive et "obligatoire" une séquence comportementale, a précisé Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie à l’hôpital Bichat et Maison Blanche (Paris). Les personnes concernées présentent de nombreux symptômes classiques de dépendance, et notamment une envie irrépressible du comportement, l’abandon d’autres activités au profit de celui-ci, des conséquences négatives individuelles, familiales, sociales et professionnelles, une sensation de manque, d’anxiété ou de malaise en cas d’interruption du comportement. »
Cette proximité dans l’approche des addictions comportementales et avec produits est intéressante à plus d’un titre, selon le Pr Venisse. « S’intéresser au processus chronique et à rechute, qui sont parmi les grands repères de l’addiction classique, permet d’accompagner plus longtemps le patient atteint par des troubles alimentaires*, de vérifier sa non-rechute, l’absence de nouveaux troubles, considère le psychiatre. Le travail motivationnel est ainsi central. Sur une feuille blanche, je fais avec mes patients la balance décisionnelle. si on veut aller trop vite, on méconnaît la fonction de la conduite et ses bénéfices pour le patient. »
Une étude sur le jeu.
Pour ce médecin, la qualité de l’alliance thérapeutique s’en ressent directement. L’adhésion du patient est pourtant l’enjeu majeur. Cette question a été au centre d’une séance plénière consacrée à la problématique de l’abstinence et de la pratique contrôlée. « Les études actuelles montrent que seulement 3 à 10 % des joueurs excessifs entreprendront un traitement formel », a expliqué Robert Ladouceur, de l’École de psychologie de l’Université de Laval au Québec, avant de s’interroger : « Offrir un traitement fondé sur le contrôle de la pratique du jeu plutôt que sa cessation complète serait-il une partie de la solution ? »
« Le produit n’est pas suffisant pour régler le problème de l’addiction », a estimé Jean-Luc Venisse. Pour mieux comprendre les mécanismes impliqués dans les conduites addictives, l’Institut fédératif des addictions comportementales du CHU de Nantes, dont la création, adossée au centre de référence sur le jeu excessif, devrait bientôt être finalisée au début de 2011, développe une étude qui sera menée sur cinq années auprès de plusieurs types de joueurs recrutés sur les lieux de jeu et de soins pour mieux appréhender le passage du statut de joueur non problématique à joueur problématique consultant un lieu de soins.
* Recommandations de bonne pratique de la prise en charge de l’anorexie mentale par la HAS le 30/9/10 : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-09/rec…
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