La lombalgie chronique est une des pathologies les plus fréquentes des pays industrialisés. Il s'agit de la première cause de handicap dans la population française et mondiale, de plus de 40 ans. En France, on recense environ 5 millions de patients lombalgiques.
Dans ses formes les plus sévères, elle s'accompagne d'un déconditionnement physique et fréquemment, d'une désocialisation progressive.
« La lombalgie chronique altère considérablement la qualité de vie du patient surtout lorsqu'elle présente un niveau de douleur élevé. Elle nécessite une prise en charge médicale, malheureusement, on a tendance actuellement, en France, à vouloir la démédicaliser. C'est ainsi que de nombreux patients qui ont mal au dos, et par crainte des effets secondaires des médicaments, pensent pouvoir se traiter avec des pseudo-thérapeutiques qui ne sont basées sur aucune preuve scientifique. C'est problématique sur le plan de la santé publique. Je vois de plus en plus de patients âgés qui se retrouvent avec des tassements vertébraux dus à des manipulations faites par des ostéopathes, par exemple, déclare le Pr François Rannou (Hôpital Cochin, Paris). Face à un patient lombalgique, il faut d'abord poser un diagnostic médical lésionnel précis et ensuite, traiter la lésion soit par un médicament et/ou une infiltration et toujours associer un traitement physique délivré par un kinésithérapeute qui a un rôle fondamental ».
Les principales lésions à l'origine de douleurs lombaires (et parfois dans les jambes) sont la hernie discale, la discopathie active, un canal lombaire rétréci, une instabilité rachidienne, un trouble statique du rachis, une bursite interépineuse, une arthrose interapophysaire postérieure, une involution graisseuse des muscles spinaux…
Rééducation spécifique et activité physique
Une fois la lésion déterminée, il faut alors mettre en place une démarche thérapeutique adaptée avec une rééducation spécifique faite par un kinésithérapeute pour une amélioration de la fonction : lutte contre l'instabilité par exemple ou activité physique visant à l'ouverture du canal lombaire…
Il faut aussi associer une activité physique non spécifique pour traiter la chronicité. Elle peut être faite par un kinésithérapeute ou par une activité physique adaptée. « Ces nouveaux acteurs ont une bonne formation universitaire et ils ont un rôle important aux côtés des professionnels de santé dans la prise en charge des patients », souligne le Pr François Rannou.
Les antalgiques sont à éviter sur le long terme et des antidépresseurs sont généralement prescrits à petite dose.
Enfin, il ne faut pas oublier la prise en charge socioprofessionnelle qui aide à une reprise du travail avec l'assistante sociale et le médecin du travail.
« Il faut bouger bien sûr mais il faut éviter un discours récréatif, un peu court. Le monde de la lombalgie est beaucoup plus complexe. Toutes les lombalgies ne sont pas semblables et elles nécessitent des traitements différents», ajoute le Pr François Rannou.
Les médecins doivent être vigilants aux dérapages de certains patients et surtout à ce qu'ils ne fassent pas n'importe quoi.
D'après un entretien avec le Pr François Rannou, hôpital Cochin (Paris)
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