La fibromyalgie, dont la physiopathologie reste encore largement inconnue, pourrait être d'origine auto-immune, au moins partiellement. C'est ce qui ressort des expérimentations réalisées dans un modèle murin par les équipes de l'institut de psychiatrie, psychologie et de neurosciences du King's College de Londres, en collaboration avec l'université de Liverpool et l'institut Karolinska.
Dans une étude publiée dans le « Journal of Clinical Investigation », ils décrivent comment ils ont injecté à des souris des anticorps de patients souffrant de fibromyalgie. Cette manœuvre a eu pour effet d'augmenter la sensibilité à la douleur, au froid et à la pression, de provoquer une faiblesse musculaire et de réduire leurs capacités motrices. Un groupe témoin de souris qui ont reçu des injections d'anticorps de personnes saines n'a pas développé de tels symptômes.
Des symptômes qui disparaissent avec les anticorps
Pour les auteurs, cette différence entre les deux groupes démontre que des auto-anticorps doivent être, a minima, un contributeur majeur de la maladie, et ce d'autant plus que les chercheurs ont mené cette manipulation avec des anticorps prélevés chez des patients suédois et britanniques, avec les mêmes résultats. La fibromyalgie serait donc, au moins en partie, une maladie auto-immune. De plus, les symptômes disparaissaient chez les souris quelques semaines après l'injection. Cette dernière observation « suggère fortement qu'un traitement visant à réduire la quantité d'auto-anticorps pourrait être efficace », en déduisent les chercheurs, qui espèrent ainsi « ouvrir une nouvelle ère d'options thérapeutiques ».
La prochaine étape du travail de la collaboration anglo-suédoise va consister à identifier les cibles de ces anticorps inducteurs de la maladie. Environ une personne sur 40 souffre de fibromyalgie dans le monde, dont 80 % de femmes. La pathologie, qui se développe entre 25 et 55 ans, se caractérise par des douleurs généralisées, de la fatigue et une détresse émotionnelle.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?