LA PHYSIOPATHOLOGIE du syndrome fibromyalgique est complexe. Le rôle des facteurs neurohormonaux rendrait compte, par exemple, de la prévalence plus élevée de la maladie chez les femmes. Toutefois, le traitement hormonal substitutif de la ménopause s’est révélé inefficace dans un essai récent (1). Parmi les facteurs de passage à la chronicité actuellement bien identifiés, le poids des facteurs psychosociaux et environnementaux, les « yellow flags », ou alertes jaunes, non spécifiques, est considéré comme plus important que celui des facteurs physiques et mécaniques (2). À côté des approches non pharmacologiques, certains traitements médicamenteux, antalgiques, antiépileptiques, antidépresseurs, peuvent améliorer les manifestations de la fibromyalgie. Le tramadol est le seul antalgique qui a fait la preuve d’un effet positif sur la douleur de la fibromyalgie. En revanche, les morphiniques n’ont pas d’effet antalgique démontré probablement du fait d’une certaine saturation des récepteurs morphiniques. Ils n’ont donc pas leur place dans le traitement de la fibromyalgie. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens n’ont pas d’efficacité prouvée et ne sont donc pas indiqués dans la fibromyalgie. Les antidépresseurs imipraminiques ont été proposés pour leur impact sur les troubles du sommeil. Ils ont toutefois un certain nombre de contre-indications et d’effets indésirables. Parmi les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine, le milnacipran et la duloxétine ont des effets bénéfiques sur la douleur, indépendants de l’effet antidépresseur. Les antiépileptiques classiques sont dépourvus d’efficacité dans la fibromyalgie. Parmi les antiépileptiques de deuxième génération, deux molécules ont été étudiées, la gabapentine et la prégabaline. La gabapentine est indiquée dans le traitement de la douleur neuropathique. La prégabaline a une action favorable sur la douleur et la qualité du sommeil. Ses effets indésirables les plus fréquents sont une somnolence et des éblouissements. La naltrexone, antagoniste spécifique des opiacés utilisé dans la dépendance alcoolique, a fait l’objet d’un essai clinique préliminaire très récent dont les résultats sont encourageants avec une réponse au traitement (réduction de la douleur ainsi que de la fatigue ou des problèmes de sommeil) chez 32 % des 31 patients inclus dans l’étude contre 11 % dans le groupe placebo. (3).
D’après la communication du Dr Patrick Sichère (CH de Saint-Denis)
(1) Stening KD, Eriksson O, Henriksson KG, al. Hormonal replacement therapy does not affect self-estimated pain or experimental pain responses in post-menopausal women suffering from fibromyalgia : a double-blind, randomized, placebo-controlled trial. Rheumatology 2011;50 (3) : 544-51.
(2) Nicholas MK, Linton SJ, Watson PJ, et al, the "Decade of the Flags" Working Group. Early Identification and Management of Psychological Risk Factors (“Yellow Flags”) in Patients With Low Back Pain: A Reappraisal. Physical Therapy 2011;91(5):737-53.
(3) Younger J, Noor N, McCue R, et al. Low-dose naltrexone for the treatment of fibromyalgia: Findings of a small, randomized, double-blind, placebo-controlled, counterbalanced, crossover trial assessing daily pain levels. Arthritis Rheum 2013;65(2):529-38.
(4) Alibeu JP. Structural and functional reorganization of the central nervous system during the neonatal period: A major issue for the development of nociception. Douleurs 2009;10(S1):14-17.
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