De nombreux domaines du rhumatisme psoriasique (RPso) débutant restent encore mal connus. « Dans le rhumatisme psoriasique, nous disposons de nombreux moyens thérapeutiques, mais nous manquons encore de connaissances précises sur la physiopathologie, les outils de diagnostic précoce, les facteurs prédictifs de sévérité… ainsi que sur les meilleures stratégies thérapeutiques. Dans ce contexte, nous avons lancé, sous l’impulsion de la SFR et avec l’AP-HP comme promoteur, la cohorte nationale multicentrique Apache (dans le même esprit que les cohortes Espoir et Desir). 30 grands centres français participent », explique le Pr Pascal Claudepierre (hôpital Henri Mondor, Créteil et coordinateur de l’étude). « Il s’agit de la première description de RPso très récents ».
Les patients inclus doivent avoir au moins une arthrite périphérique récente (< 1 an), un psoriasis personnel ou familial, un diagnostic de RPso retenu par leur rhumatologue et être naïfs de traitements ciblés. Lors de la visite d’inclusion, les données collectées incluent : des données démographiques, d’histoire/activité/sévérité de la maladie, de comorbidités, biologiques, les traitements actuels et passés, l’imagerie…
L’analyse intermédiaire décrit les principales caractéristiques à l’inclusion, en dehors de l’imagerie, des 193 patients inclus au 29 février 2024. Une différence entre les hommes et les femmes a été recherchée. “
Pas de différence selon le sexe
Sur les 193 patients inclus, 186 étaient analysables. L’âge moyen des patients était de 44 ± 11 ans, 45 % étaient des femmes. 21 % étaient porteurs du HLA-B27. L’IMC était d’environ 27. L’ancienneté de la première arthrite était de seulement six mois en moyenne et la localisation de l’arthrite, chez plus d’un patient sur deux (57 %) était les mains ou les poignets. L’ancienneté du psoriasis était en moyenne de 14 ans. La CRP était élevée (> 5 mg/L) chez près de la moitié des patients. Le score DAPSA était en moyenne de 19. Les autres manifestations rhumatologiques (enthésites, rachialgies…) se situaient entre 25 et 39 % pour chacune d’entre elles. « Aucune différence n’était observée en fonction du sexe », souligne le Pr Claudepierre.
En revanche, une plus grande fréquence globale de facteurs de risque ou comorbidités cardiovasculaires (p = 0,026), notamment d’HTA (p = 0,029) et en tendance, de goutte (p = 0,065) a été notée chez les hommes. « Sur ce sujet des comorbidités, il est difficile de conclure avec ces seules données descriptives. Une hypothèse pourrait être que les facteurs génétiques qui sous-tendent l’initiation de la maladie, sous-tendent en même temps un sur-risque cardiovasculaire, plus important d’emblée chez l’homme et qu’ainsi, ce n’est peut-être pas forcément comme l’on pouvait le penser, l’ancienneté de la maladie ou les traitements. On observe un terrain cardiovasculaire plus important chez l’homme que chez la femme, mais c’est déjà comme ça dans la population générale… il faut donc être prudent », invite le spécialiste.
La constitution de la cohorte se poursuit avec un rythme d’inclusion régulier, mais plus lent que pensé au départ car le phénotype très homogène de ces patients, et leur caractère très récent, n’est pas si fréquent. Mais c’est aussi ce qui fera la grande force de cette cohorte, ce phénotype strict et homogène articulaire périphérique, avec un début très récent de l’arthrite. Aujourd’hui, environ 240 patients sont inclus.
D’après un entretien avec le Pr Pascal Claudepierre (hôpital Henri Mondor, Créteil)
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