Les dernières recommandations de prise en charge du RPso insistent, tout comme pour la polyarthrite rhumatoïde, sur la stratégie du « treat to target ». Cela a été confirmé par une étude de cohorte hollandaise, DEPAR (1), qui a inclus 243 patients atteints de RPso, n'ayant pas préalablement reçu de traitement de fond, et suivis pendant au moins trois ans. Elle montre que les patients qui n’atteignent pas l’activité minimale de la maladie au cours de la première année de traitement ont une altération de leur qualité de vie, non seulement la première année mais aussi les deux suivantes.
Une autre étude française en vraie vie (2), menée sur la base du système national des données de santé, avait pour objectif d’évaluer le maintien thérapeutique des différentes classes de biothérapies de première ligne dans le RPso et le psoriasis (Pso). Au total, 6 531 patients atteints de RPso et 16 892 de Pso ont été suivis de 2015 à 2019. Dans le RPso, 76 % des sujets débutent un anti-TNF en première ligne, 12 % un anti-IL12/23 et 12 % un anti-IL17. Dans le Pso, 60 % des patients débutent un anti-TNF, 24 % un anti-IL12/23 et 16 % un anti-IL17. À trois ans, toutes biothérapies confondues, le maintien thérapeutique est de 36 % dans le RPso et de 41 % dans le Pso. Les anti-IL17 sont associés à un meilleur maintien thérapeutique par rapport aux anti-TNF dans le RPso et le Pso. Il en est de même par rapport aux anti-IL12/23, mais seulement dans le RPso. Dans le Pso, le maintien thérapeutique des anti-IL12/23 est meilleur que celui des anti-TNF.
L’izokibep, un anti-IL-17A prometteur
L’izokibep est un nouvel anti-IL-17A qui peut également se lier à l’albumine. De petite taille moléculaire, il présente une bonne distribution tissulaire sur les sites inflammatoires. Les résultats d’une étude de phase II ont été présentés (3). Les 135 patients inclus avaient un RPso actif selon les critères CASPAR, au moins trois articulations douloureuses et gonflées, et étaient en échec à un anti-inflammatoire non stéroïdien, un traitement de fond conventionnel synthétique (csDMARD) ou un anti-TNF. Toutes les deux semaines, ils recevaient l’izokibep sous-cutané (SC) 40 mg, ou l’izokibep SC 80 mg, ou un placebo. En moyenne, l’ancienneté de la maladie était de sept ans, avec dix articulations gonflées. Au total, 13 % des patients étaient en échec à un traitement préalable par anti-TNF et 80 % avaient un csDMARD associé. À la seizième semaine, la réponse ACR 50 était de 52 % dans le groupe izokibep 80 mg, de 48 % dans le bras 40 mg et de 13 % sous placebo, avec une réponse rapide dès la deuxième semaine. Les réponses cutanées sont également bonnes. La réponse PASI 90 était de 48 % pour la dose de 80 mg, de 57 % pour 40 mg versus 14 % dans le groupe placebo. En termes de tolérance, les effets secondaires les plus fréquents étaient des réactions locales au point d’injection. Une candidose génitale non sévère a été rapportée. Le développement de l’izokibep se poursuit pour confirmer ces résultats prometteurs.
Bimekizumab : un bénéfice prouvé
Le bimekizumab (BKZ) est un anticorps monoclonal IgG1 qui inhibe sélectivement l’IL17A et l’IL-17F. Déjà indiqué dans le psoriasis en plaques modéré à sévère, il est en cours de développement dans le RPso. Il a été évalué, versus placebo, dans les études de phase 3 BE OPTIMAL (4), chez des patients atteints de RPso actif non prétraités par traitements de fond biologiques (bDMARDs), et BE COMPLETE (5) chez des sujets en réponse inadéquate aux anti-TNF. Dans la première étude, la réponse ACR 50 à la seizième semaine était de 43,9 % avec le BKZ versus 10 % sous placebo (p < 0,001). Dans le second essai, elle atteignait respectivement 43,4 % versus 6,8 % (p < 0,001). Des niveaux élevés de blanchiment cutané PASI 90 ont été observés chez davantage de patients traités par BKZ que par placebo. De même, comparé au placebo, plus de 40 % des patients sous BKZ ont atteint une activité minimale de la maladie dans les deux études (p < 0,001). Le profil de sécurité était conforme aux données des études précédentes.
Associer le leflunomide au méthotrexate
Enfin, une étude a été menée chez des patients atteints de RPso récemment diagnostiqués et actifs (au moins deux articulations gonflées), afin d’évaluer l’efficacité et la tolérance d’une combinaison de csDMARD par rapport à la monothérapie (6), une stratégie très peu testée. L’association MTX et leflunomide était supérieure à la monothérapie par MTX, sur l’activité minimale de la maladie et le score d’activité PASDAS après 16 semaines. Ces données sont intéressantes chez des patients pour lesquels les biothérapies ne sont pas envisageables.
(1) Snoeck Henkemans S. et al, abstr OP0028.
(2) Pina Vegas I. et al, abstr POS 0075.
(3) Behrens F et al, abstr OP0258.
(4) McInnes I et al, abstr LB0001.
(5) Merola JF et al, abstr OP0255.
(6) Mulder MLM et al, abstr POS 0078.
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