Avec l’arrivée du vaccin AstraZeneca, les médecins de famille vont désormais pouvoir vacciner à leur cabinet contre le Covid-19. Dans un premier temps, les soignants et les patients de moins de 65 ans à risque seront concernés. Comment se procurer le vaccin ? Quelles sont les étapes à suivre ? Le Généraliste vous dévoile en exclusivité les conseils pratiques du Collège de la médecine générale pour bien faire.
Un mois et demi après le coup d’envoi de la campagne de vaccination contre le Covid-19, les médecins généralistes vont enfin pouvoir presser la seringue en dehors des grands centres. Cette évolution annoncée dans nos colonnes par le Pr Alain Fischer, coordinateur de la stratégie vaccinale (Le Généraliste n° 2934), est désormais rendue possible par l’arrivée sur le marché du vaccin AZD1222 d’AstraZeneca, aux conditions de conservation moins contraignantes que ceux de Pfizer-BioNTech et de Moderna.
Deux premières livraisons ont déjà été assurées par le laboratoire britannique, réservées aux établissements de santé pour la vaccination des personnels soignants de moins de 50 ans. Mais d'ici la fin du mois, 100 000 médecins libéraux devraient pouvoir vacciner à leur cabinet, selon le ministère de la Santé. De manière très progressive toutefois. Le nombre de doses attendues (700 000 pour la livraison du 17 février, réservée aux seuls médecins) ne devrait pas leur permettre de se procurer plus d’un flacon par semaine pendant un mois.
Sans attendre le coup d’envoi de la vaccination au cabinet, le Collège de la médecine générale (CMG) a élaboré un document récapitulant toutes les informations à connaître au sujet de cette vaccination au cabinet avec AstraZeneca et distillant de nombreux conseils. Le Généraliste vous en révèle en exclusivité la teneur (le document intégral est en bas de page).
En amont de la vaccination
Avant toute chose, les médecins généralistes devront parvenir à se procurer, auprès des officines, le précieux sésame. Attention, les stocks seront contingentés. Censés pouvoir vacciner à partir de fin février/début mars, les pharmaciens ne devraient pas pouvoir faire de la rétention. Des règles concernant la répartition des doses entre les quatre professions de santé autorisées à vacciner en ville (médecins, pharmaciens, sages-femmes et IDE) seront bientôt instaurées. Une fois en possession de doses, le médecin devra les stocker dans un réfrigérateur (2-8 degrés, avec relevé de température trois fois par jour) s’il ne les utilise pas le jour de la réception (après ouverture, le flacon peut être conservé 6 heures à température ambiante).
Les praticiens devront prendre leurs dispositions pour ne pas gâcher la moindre dose. Aussi, après avoir identifié les patients éligibles au vaccin AstraZeneca (soignants de moins de 50 ans, 50-64 ans avec comorbidités puis sans), le CMG les invite à planifier des rendez-vous de vaccination en « nombre multiple » de doses possibles. Il suggère également de prévoir une liste de personnes susceptibles de se rendre rapidement au cabinet ou de personnes à aller vacciner à domicile en cas de doses surnuméraires. Après avoir donné les informations sur le bénéfice-risque du vaccin, il est important de noter le consentement éclairé du patient dans le dossier.
Juste avant la vaccination
Le jour J (de l’acte vaccinal), il est indispensable de s’enquérir de l’absence de contre-indication à la vaccination. Sans quoi celle-ci doit être différée. Le médecin doit aussi s’assurer que le patient n’a pas été testé positif au Covid-19 au cours des trois derniers mois, qu’il n’a pas eu de contact avec une personne Covid+ récemment, qu’il n’a pas de fièvre ni reçu de vaccin au cours des deux semaines précédentes. « Les patients présentant une allergie respiratoire (pollens, acariens…), alimentaire ou médicamenteuse documentée, y compris dans leurs formes sévères, peuvent être vaccinés », précise le CMG.
L’injection
Nous y voilà : le patient peut enfin se voir administrer le vaccin. Une fois la dose de 0,5 ml prélevée du flacon (dix doses) avec une aiguille d’au moins 25 mm (sauf pour les personnes au tissu peu adipeux, pour lesquelles elle peut n’être que de 16 mm), l’injection s’effectue en intramusculaire au niveau du deltoïde de préférence. Le Collège rappelle que le vaccin doit être injecté directement, sans aspiration préalable, et de ne pas pincer la peau lors de l’injection. Si la personne vaccinée est sous traitement anticoagulant ou a des troubles de la coagulation, il convient d’exercer une pression ferme au point d’injection sans masser ni frotter pendant au moins deux minutes et d’informer la personne du risque d’hématome.
Si l’injection a lieu au cours d’une consultation, le médecin touchera 30,40 euros. Il devra coter 25 euros la consultation (code VAC) + 5,40 euros de forfait pour avoir renseigné Vaccin Covid. Il ne percevra que 16 euros (9,60 euros (code INJ)
+ 5,40 euros) s’il réalise l’injection en dehors d’une consultation.
Après l’injection
Une fois l’injection effectuée, une surveillance médicale pendant 15 minutes en salle d’attente est recommandée. Dans un souci de traçabilité, un certificat de vaccination spécifiant le lot du vaccin doit être imprimé et remis au patient. Le Collège insiste également sur la nécessité de sensibiliser les vaccinés à poursuivre le respect des gestes barrières et de la distanciation physique. Surtout, ne pas oublier de donner un rendez-vous pour une seconde injection dans les 9 à 12 semaines.
De son côté, le médecin devra se rendre sur le téléservice Vaccin Covid (AmeliPro) avec sa CPS ou e-CPS et y enregistrer l’acte en spécifiant le nom du vaccin, le numéro de lot, ainsi que la date et l’heure de vaccination. Une opération à effectuer également dans le dossier patient.
Signaler les effets indésirables graves
Si, avec le vaccin AstraZeneca, les réactions graves sont rares, le Collège liste les effets indésirables éventuels les plus fréquents : « douleur au point d’injection, céphalées, fatigue, myalgie, malaise, fièvre et frissons qui disparaissent généralement en 5 à 7 jours après l’injection ». « Le traitement par paracétamol le jour de l’injection semble diminuer la survenue des effets indésirables », précise le CMG.
En cas de survenue d’un effet désirable inattendu ou grave, les patients peuvent eux-mêmes le signaler. Nouveauté : le médecin peut, lui, déclarer les effets secondaires via le téléservice Vaccin Covid en plus du site signalement-sante.gouv.fr.
Ci-dessous, le document intégral (cliquez ici pour le télécharger) :