En 2018, la Société Française de Pédiatrie proposait 5 recommandations sur le thème « l’enfant et les écrans », dont celles d’imposer des temps sans écrans, d’accompagner la parentalité, prévenir l’isolement social, etc. En début d'année, dans un BEH, Santé publique France avait également alerté sur les risques du mésusage des écrans chez les enfants. Aujourd’hui, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) (1) va plus loin encore. Dans son « avis relatif aux effets de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans », cette agence émet des recommandations allant des parents et encadrants... jusqu’aux autorités sanitaires.
Si le HCSP s’inquiète sur les risques liés aux usages chez les jeunes des écrans (télévision, smartphone, ordinateur, tablette...), des travaux ont cependant montré des effets positifs « dans des contextes précis et contrôlés ou avec des populations spécifiques ». Ainsi, l’utilisation encadrée du numérique a eu un impact bénéfique sur l’apprentissage. Des « exergames » (jeux vidéo actifs associant exercices cognitifs et physiques) ont permis d’améliorer certains comportements, le développement cognitif et les interactions sociales.
Limiter le temps
Même si l’agence admet que des travaux manquent pour émettre des conclusions définitives sur les effets des écrans sur la santé des enfants, limiter le temps d'exposition à la télévision et autre smartphone apparaît une évidence « pour réduire certaines conséquences physiques et physiologiques ». Globalement, les enfants (3-17 ans) passent en moyenne 3 heures par jour devant les écrans. Les 3-6 ans : en moyenne 1 h 40 (ANSES et Santé publique France, 2017).
Dans son avis, le Haut Conseil met en avant le rôle des parents qui doivent avant tout montrer l’exemple et rester disponibles sans être accaparés par les écrans en présence d’enfants. L’agence émet certains repères :
> Avant les âges 3 et 5 ans : Le HCSP propose des interdictions d’utilisation d’écrans sans interaction parentale chez les moins de 3 ans car l’écran allumé ne doit pas servir de distraction. Avant 5 ans, il est recommandé de ne pas exposer les enfants à des images 3D en raison des risques de fatigue visuelle et de non-respect du principe de convergence et d’accommodation.
> Chez les enfants et adolescents, les écrans doivent être interdits dans les chambres et jamais utilisés dans l’heure précédant l’endormissement afin de préserver la qualité du sommeil. Enfin, en raison du risque de modification des comportements alimentaires, aucun écran allumé n’est souhaitable pendant les repas.
> Les écrans doivent être utilisés dans un but précis : « Enfant et adolescent doivent être capables de dire pourquoi ils s'en servent ». C’est aussi de la responsabilité des parents de contrôler le contenu des images diffusées en raison des risques de harcèlement, d’accès à la pornographie…
> Aux autorités sanitaires, le HCSP propose, en partenariat avec les ministères de la Santé, l'Education nationale et l’Enseignement supérieur, la mise en place d’un plan national de formation au numérique à destination des encadrants (enseignants, acteurs sociaux…). Il suggère aussi d’instaurer un groupe de travail sur les jeux numériques, ciblé sur leur utilisation dans le temps qui peut être presque « sans fin ».
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