Le monkeypox peut-il se transmettre par le sperme, et faire de la variole du singe une nouvelle infection sexuellement transmissible (IST) ? C’est la question que pose un article italien publié dans Eurosurveillance.
Comme le rappelle le Haut conseil de la Santé Publique (HCSP) dans son premier avis sur la conduite à tenir face au monkeypox, « jusqu’à présent, les modes de transmission du virus ont été essentiellement documentés lors d’épidémies survenues en Afrique à partir de contacts directs avec des liquides biologiques ou des lésions cutanées d’animaux infectés ». Cependant, quelques cas de transmission interhumaine avaient déjà conduit à évoquer trois principales voies de contamination à partir d’une personne infectée. Ainsi, la contamination mère-enfant au cours de la grossesse ou de l’accouchement, semble possible, mais « sans que le risque ait été bien quantifié », rapporte le HCSP. Le virus pourrait aussi se diffuser « par la salive et les gouttelettes respiratoires après un contact face à face prolongé ». Et surtout, la transmission interhumaine pourrait « résulter de contacts étroits avec des lésions cutanées ou muqueuses d’une personne malade (muqueuses buccales, génitales, conjonctives, voire cornée) ou de manière indirecte, après contact avec des objets ou matériels (literie, linge, vaisselle...) récemment contaminés ».
Quatre cas italiens dont la clinique interpelle
Toutefois, la diffusion actuelle du monkeypox en particulier au sein de la communauté des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) interroge. Et « la question se pose de savoir si le monkeypox peut être transmis aussi par voie sexuelle, ce qui (le) définirait comme un agent infectieux responsable d’IST », estime le HCSP.
Dans ce contexte, des infectiologues italiens se sont penchés sur le cas des quatre premiers patients – HSH et VIH + pour deux d’entre eux – infectés par le monkeypox recensés dans la péninsule.
Résultat : « le comportement sexuel des cas de la présente série et l'apparition initiale de lésions principalement dans (la zone périnéale) suggèrent qu’un contact étroit pendant des rapports sexuels a été important pour la transmission du virus », rapportent les auteurs. En effet, les quatre patients touchés ont rapporté avoir eu des rapports non protégés avec différents partenaires masculins préalablement à l'apparition de symptômes. Et tous ont d’abord présenté des lésions majoritairement génitales ou périanales. À noter par ailleurs que « le tableau clinique semble différent de celui décrit dans la littérature car les lésions cutanées étaient, chez (les patients italiens) asynchrones, allant de macules uniques ou groupées à des papules ombiliquées avec ulcération centrale progressive et finalement à des croûtes ».
De l'ADN viral détecté dans le sperme
Mais surtout, de l’ADN viral a été retrouvé dans le sperme – plus précisément dans le liquide séminal – de trois patients. Comme le soulignent les infectiologues, « bien que ce résultat ne puisse pas être considéré comme une preuve définitive d’infectiosité, il démontre une excrétion virale (par le sperme) dont le rôle dans la transmission (de la maladie) ne peut être exclu ». D’autant que la concentration de l’ADN viral estimée dans le liquide séminal des patients « était dans la gamme de celle mesurée dans leurs prélèvements nasopharyngés », notent-ils.
Mais les hommes adultes, qui plus est les HSH, ne sont pas les seuls touchés par la vague actuelle de variole du singe. Ainsi, en France, de premiers cas non masculins ont récemment été confirmés chez trois femmes et même chez un enfant.
Rôle potentiel des aliments contaminés directement ou indirectement par un malade
De son côté, l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses), qui avait déjà rendu des conclusions sur un potentiel risque de transmission du virus aux animaux de compagnie, a été saisie « en urgence » afin d’évaluer le risque de transmission de ce virus par un tout autre mode : la voie alimentaire.
Et selon l'agence, cette voie de contamination ne « peut être complètement exclue ». Certes, « une transmission du virus par ingestion d’un aliment contaminé n’est pas avérée », mais il semble possible qu’une infection puisse se produire suite à la manipulation ou l’ingestion d’un aliment contaminé soit directement par une personne malade, « en particulier si celle-ci le manipule alors qu’elle présente des lésions ou des croûtes sur la peau », voire indirectement « après contact avec une surface elle-même contaminée ».
Aussi l’Anses rappelle-t-elle dans un communiqué quelques règles d’hygiène. « Lorsque l’on présente des blessures infectées sur les mains, quelle qu’en soit l’origine, il ne faut ni manipuler des aliments, ni cuisiner pour d’autres personnes. Cela s’applique également en cas de symptômes évoquant la variole du singe (éruptions cutanées, fièvre, maux de tête, fatigue, douleurs musculaires…) ». Elle recommande aussi la vigilance dans les secteurs de la restauration ou de l’industrie agroalimentaire.
L'épidémie bientôt considérée comme une urgence de santé publique internationale ?
Quoi qu’il en soit, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui n’a pour le moment pas jugé opportun de qualifier l’épidémie actuelle de variole du singe d’urgence de santé publique de portée internationale, devrait, selon l’AFP, réunir à nouveau son comité d’urgence le 18 juillet au plus tard. « Je continue à m’inquiéter de l'échelle et de la diffusion du virus », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'un point de presse à Genève, alors que plus de 6 000 cas ont été confirmés dans 58 pays. Et si l’Europe reste l’épicentre de l’épidémie, « en Afrique, des cas apparaissent dans des pays qui n'étaient auparavant pas affectés, et des nombres records sont recensés dans des endroits qui ont déjà eu affaire à la variole du singe », s’alarme le directeur de l’OMS. En France, 577 cas étaient confirmés au 5 juillet, selon le dernier bulletin de Santé publique France.
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