La proportion d'hommes souffrant d’un syndrome coronarien aigu reste supérieure à celle des femmes. Dans le registre FAST-MI, les admissions pour SCA concernent 72 % d'hommes en 1995 et 76 % en 2010 et elles sont plus précoces (63 ans pour les hommes versus 72 pour les femmes), une tendance qui pourrait s'inverser puisqu'on a constaté de plus en plus d'infarctus du myocarde (IDM) chez les femmes de moins de 60 ans.
En 2008, 37 200 hommes et 18 900 femmes ont été hospitalisés pour IDM en France (BEH du 6 novembre 2012) ; le nombre global de patients hospitalisés pour IDM a diminué entre 2002 et 2008 de façon équivalente chez les hommes et les femmes de plus de 65 ans (-23 %) mais avant cet âge, il baisse significativement chez les hommes alors qu'il augmente chez les femmes. Par ailleurs, les hommes, chez qui les symptômes sont plus typiques et plus fréquemment « pris au sérieux » et qui bénéficient plus souvent d'une prise en charge médicale ou interventionnelle « active » connaissent une mortalité hospitalière et à long terme inférieure à celle des femmes.
Contrôle des facteurs de risque : les hommes, mauvais élèves
En l'absence de symptômes, l'évolution des comportements est plus lente et la bataille contre les facteurs de risque est loin d'être gagnée, comme le confirme FAST-MI, avec des IDM de survenue plus précoce et concernant une plus forte proportion de patients fumeurs, obèses et hypertendus qu'il y a 15 ans. Les accidents aigus incitent à des comportements plus prudents, mais, d'après EUROASPIRE IV, un an après hospitalisation pour coronaropathie, la moitié des hommes qui fumaient continuent (16 %), 38 % sont toujours obèses dont 40 % avec une obésité abdominale, la moitié des diabétiques connus gardent une HbA1c supérieure à 7 %, 80 % n'atteignent pas l'objectif de LDL<0,7% et seulement 40% ont une PAS/PAD <140/90 mmHg.
D'après l'étude menée en population globale MONA LISA, entre 35 et 74 ans, 67,1 % des hommes sont en surcharge pondérale ou obèses (vs 50 % pour les femmes), 2.4 % sont diabétiques entre 35 et 44 ans (vs 1,2 %), des chiffres qui passent à 20 % vs 11 % entre 65 et 74 ans ; ils sont aussi plus souvent hypertendus (53 % vs 40 %), un écart qui se réduit cependant avec l'âge. Ils sont moins bien contrôlés par le traitement (23 % vs 36 %), avec une amélioration entre 1995 et 2005, mais trois hommes sur quatre (vs deux femmes sur trois) ne sont actuellement pas à l'objectif thérapeutique. Seul élément positif, en 10 ans, le nombre de fumeurs masculins est passé de 30 à 23 %.
Plus ils sont à risque, moins ils consultent !
En prévention primaire, les médecins ont maintenant bien intégré la nécessité de faire un bilan cardio-vasculaire chez certains de leurs patients et de prendre en charge les facteurs de risque. Mais leurs patients ne suivent pas toujours cette évolution. Avant 60 ans, ils ne consultent généralement que pour des épisodes infectieux aigus, ne laissant pas au médecin le champ libre pour engager une discussion sur le risque CV, en dehors de ceux consultant pour la poursuite ou la reprise d'une activité sportive.
« Ce sont les sportifs qui se préoccupent de leur alimentation, de leur cholestérol, et s'équipent d'appareils pour mesurer leur tension, leur fréquence cardiaque, etc. Pas les sédentaires, les obèses ou les fumeurs ! » conclut le Dr Nicolas Postel-Vinay.
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