VIH, la PrEP n’est pas qu’une affaire de spécialistes

Publié le 20/03/2020
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Introduite en France à partir de 2016, la prophylaxie pré-exposition du VIH (PrEP) se diffuse peu à peu dans l’Hexagone. En juin 2019, 20 478 personnes avaient initié une PrEP, soit le double par rapport à l’année précédente selon l’ANSM. Réservée jusqu’à présent à certains spécialistes, la prescription initiale devrait bientôt être accessible au généraliste. Pour le moment, la PrEP est initiée à 90 % à l’hôpital et à 10 % dans les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Le renouvellement est effectué majoritairement (dans 85 % des cas) à l’hôpital.

Mais le suivi trimestriel et le renouvellement de l’ordonnance peuvent d’ores et déjà être assurés par le médecin traitant, même si un infectiologue en service hospitalier VIH ou en CeGIDD doit être consulté annuellement. « Le suivi à un et trois mois, puis tous les trois mois, comprend le dépistage des IST, une surveillance de l’observance, de la survenue d’effets secondaires, d’éventuelles interactions médicamenteuses et de la satisfaction envers le traitement, détaille le Dr Thibaut Jedrzejewski, généraliste au 190 - Centre de santé sexuelle (Paris). C’est l’occasion d’aborder le bien-être sexuel et la santé mentale, qui comportent des déterminants spécifiques chez les HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes). Il faut aussi rechercher et anticiper l’usage de drogues, notamment en contexte sexuel (chemsex). »

Le généraliste de plus en plus sollicité

Le bilan biologique à un mois comprend une sérologie VIH (de moins de deux semaines), un débit de filtration glomérulaire et une phosphorémie. Il doit être renouvelé à trois mois et trimestriellement avec dépistage des IST.

Selon Thibaut Jedrzejewski, « les généralistes commencent à s’approprier ce suivi. Et comme les consultations spécialisées sont saturées, la possibilité que les médecins traitants gèrent entièrement la prescription est attendue. Ils ne doivent cependant pas hésiter à orienter vers des soignants spécialisés (en santé sexuelle, santé gay, addictologie, etc.) ou des confrères généralistes qui s’y intéressent. En effet, tous les médecins ne sont pas forcément à l’aise avec la prise en charge de la santé des personnes homosexuelles. »

L’efficacité de la PrEP a été démontrée dans plusieurs études dont ANRS-Ipergay en France. Et déjà son impact sur la dynamique de l’épidémie est visible avec de premières données montrant un recul des nouveaux cas, notamment à San Francisco ou au Royaume-Uni.

Hélène Joubert

Source : lequotidiendumedecin.fr