1- Définir le cadre de son engagement
« Il est très important d’identifier ce qui anime l’entrée dans une démarche écoresponsable pour écrire une feuille de route des actions à mener et ne pas s’éparpiller, précise au « Quotidien » Alice Baras, qui après 15 ans d’exercice de la chirurgie dentaire, a rangé définitivement la fraise pour devenir formatrice et consultante en promotion de la santé environnementale et démarche écoresponsable au sein d’Ecops-Conseil. Quel que soit le moteur – qu’il soit écologique, économique, sanitaire ou social – la démarche entraînera des éco-bénéfices. » Pour garantir la pertinence de leur projet, les membres du cabinet pourront rédiger une charte précisant leur vision du cabinet de santé durable.
2- Réaliser son bilan carbone
« Pour savoir comment agir et planifier les actions à mettre en œuvre, il est important de repérer et de connaître les activités ou les postes à fort impact sur l’environnement. » Le guide recommande au praticien de réaliser une première estimation de son empreinte écologique sur le site www.footprintcalculator.org et d’utiliser un simulateur en ligne comme celui de l’Ademe pour calculer l’empreinte carbone.
3- Prioriser les actions à mettre en œuvre
« Quand ils se lancent dans la démarche vertueuse, les professionnels de santé doivent se fixer des objectifs atteignables et réalistes, en respectant le principe des petits pas », affirme Alice Baras. Pour pérenniser leur engagement et mesurer l’efficacité des mesures prises, il est incontournable de tenir un tableau de bord colligeant les consommations énergétiques, les volumes d’achats et déplacements.
4- Maîtriser la consommation d’énergie
L’efficacité énergétique du cabinet doit être renforcée grâce à l’isolation des bâtiments, en privilégiant autant que possible des matériaux bruts, sobres et locaux. Il est recommandé d’opter pour des équipements moins énergivores et économiseurs d’énergie ou d’eau et alimentés par une source d’énergie décarbonée (électricité, à 90 % décarbonée en France, biogaz).
5- Réduire les émissions liées aux transports
Les transports automobiles représentent un tiers des émissions de GES. Développer la mobilité décarbonée est donc primordial. Choisir un véhicule moins polluant, en particulier une voiture plus légère, la consommation de carburant explosant avec le poids, privilégier les transports collectifs, se déplacer davantage à pied et en vélo. La téléconsultation, dans les cas adaptés, permet de diminuer les déplacements inutiles des patients au cabinet.
6- Encourager les achats responsables
En favorisant l’achat de produits et de services ayant un moindre impact sur l’environnement (certains logos ou normes permettent de garantir le moindre impact), les soignants contribuent à promouvoir une santé durable. Il est recommandé de tenir compte de l’analyse de cycle de vie des produits, qui mesure les impacts environnementaux de toutes les étapes depuis sa fabrication jusqu’à son élimination en fin de vie.
7- Intégrer l’écoprescription
Le médicament et les dispositifs médicaux représentent la moitié des émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé, selon un rapport du Shift Project. Il apparaît important de prescrire le médicament qui, à efficacité égale, aura le moins d’effet nocif sur l’environnement. Les soignants peuvent aussi mener une réflexion sur l’usage unique des dispositifs médicaux (gants, masques chirurgicaux, blouses, serviettes ou draps d’examen…) et privilégier quand c’est possible les dispositifs réutilisables.
8- Repérer les risques liés aux produits chimiques
Les membres de l’équipe soignante sont invités à se former au système d’étiquetage des produits chimiques CLP et à la reconnaissance des pictogrammes de danger mais aussi à consulter les fiches de données de sécurité des produits pour gérer le risque chimique au sein du cabinet.
9- Optimiser la gestion des déchets
En lien avec la démarche d’achat responsable, une moindre consommation de matières premières et la réduction du volume des poubelles sont de réels enjeux. Une meilleure gestion des déchets doit être mise en place dans les cabinets médicaux depuis le tri des déchets non dangereux jusqu’aux Dasri (à risque infectieux). « Afficher les consignes de tri est un bon début. »
10- Prioriser la prévention
L’écoconception des soins invite à repenser le système de santé, très curatif, pour encourager la prévention en promouvant dès la naissance la santé environnementale, avec une alimentation saine et équilibrée, la pratique régulière d’activité sportive, ou un sommeil de bonne qualité.
* Guide du cabinet de santé écoresponsable, éd. Presses de l’EHESP, 344 pages, 39 euros.
Article précédent
De la santé environnementale à la santé planétaire
Article suivant
Pr Vincent Barras : « C’est la première fois qu’on assiste à un engagement aussi massif du corps médical en lien avec le dérèglement climatique»
De la santé environnementale à la santé planétaire
Dix conseils pour une activité plus sobre
Pr Vincent Barras : « C’est la première fois qu’on assiste à un engagement aussi massif du corps médical en lien avec le dérèglement climatique»
Les étudiants en médecine bientôt formés en santé environnementale
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships