Lancé en 2016, le numéro vert* de l'association Soins aux professionnels de santé (SPS), destiné aux soignants en souffrance, a vu le nombre d'appelants augmenter fortement. Disponible 24 heures/24 et 7 jours/7, ce dispositif d'écoute psychologique a ainsi reçu 15 579 appels depuis son ouverture en 2016, dont « plus de 11 400 en deux ans », preuve de son efficacité selon l'association.
Clairement, depuis le début de la pandémie, le nombre d'appelsreçu par par les 100 psychologues du réseau a « bondi ». Pour le seul mois d'avril 2020, au plus fort de la première vague Covid, l'association a observé un pic de 1 769 appels de professionnels de la santé. « Cette activité grandissante et continue du dispositif SPS témoigne du réel besoin d’écoute et de soutien des soignants rendus vulnérables », souligne l'organisation, qui a aussi ouvert il y a quelques mois une maison des soignants à Paris qui propose notamment des consultations psychologiques. Elle met en avant les atouts de son dispositif pour « briser l’isolement » et « apporter du soutien », mais aussi pour répondre de façon rapide et efficace à la souffrance des soignants « en situation d’urgence ».
Un quart de libéraux, un quart d'étudiants
Concernant les seuls médecins, 1 679 appels ont été recensés depuis 2016, dont près de 800 sur les seules années 2020 et 2021. En tout, 471 praticiens ont cherché du soutien auprès de SPS en 2020, deux fois plus qu'en 2019. Là encore, le mois d'avril 2020, en plein confinement, a coïncidé avec une bonne centaine d'appels.
En 2021, ce sont encore 327 appels de médecins d'une durée de 31 minutes en moyenne, qui ont été comptabilisés. Près d'un quart des recours a été réalisés de nuit, et 9 % le dimanche. Ces praticiens en souffrance étaient à 69 % des femmes, de 36 ans en moyenne. Un quart des appelants étaient des libéraux, et 26 % des étudiants. L'origine de ces sollicitations est représentative de la répartition démographique des médecins : 17 % des appels étaient passés depuis l'Île-de-France, 12 % depuis la Bretagne, 11 % depuis la région Paca, 10 % depuis l'Auvergne Rhône-Alpes et 10 % du Grand Est.
Réorientation vers un psychologue
Selon SPS, ces appels reflètent une souffrance mêlant situation professionnelle et vie privée. 36 % des motifs étaient d'ordre professionnel (épuisement, traumatisme, agressions ou incivilités) et 33 % d'ordre plus personnel (difficultés familiales, divorce, problèmes de santé dont des troubles musculosquelettiques). Le Covid a représenté 8,5 % des motifs, dans la plupart des cas en raison d'un épuisement professionnel lié à la pandémie, selon les statistiques de SPS.
Enfin, si une majorité des appels (53 %) étaient de faible gravité (une anxiété avec une addiction ou non), 19 % étaient de grade 2 (dépression, accompagnée ou non addiction) et 17 % de grade 3 (épuisement professionnel, avec addiction plus ou moins fortement présente). Plus de la moitié des médecins ayant composé le numéro de la plateforme ont été réorientés, notamment vers un psychologue ou le réseau « Souffrance et travail », qui travaille avec l'association. 17 % des praticiens ont refusé une orientation et 16 % avaient un suivi déjà en cours.
* 0 805 23 23 36
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