Les blocs opératoires à Toulouse, champions du recyclage

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Publié le 12/11/2021
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À l’hôpital, le bloc opératoire génère à lui seul 30 % des déchets globaux. Un constat sans appel qui a décidé des soignants des blocs des urgences au CHU de Toulouse à trier et valoriser tout ce qui pouvait l’être.
Tri sélectif dans le service de réanimation de Toulouse

Tri sélectif dans le service de réanimation de Toulouse
Crédit photo : Frédéric Scheiber / CHU de Toulouse

Pour les soignants du CHU de Toulouse, trier et valoriser les déchets de blocs opératoires est devenu naturel. « La prise de conscience s’est faite en 2018 au sein d’une petite équipe de médecins, infirmiers, cadres de santé et aides-soignants du bloc des urgences de l’hôpital Pierre-Paul Riquet, raconte la Dr Charlotte Martin, anesthésiste-réanimatrice à l’origine du dispositif Green Bloc. Nous avons réalisé que nous faisions tous du tri chez nous, mais mal voire aucun au bloc. »

Un an de travail a été nécessaire pour former les équipes, adopter de nouvelles recommandations sur la répartition des déchets et mettre en place une filière de tri qui permette de réduire les déchets d’activités de soins à risque infectieux (DASRI) et les déchets assimilés aux ordures ménagères (DAOM). « Les DASRI ont un impact économique deux fois plus élevé que les déchets ménagers et un impact carbone trois fois plus important, l’enjeu était donc réel », précise la médecin. Si le bloc des urgences a initié le mouvement au CHU, tous les blocs ont depuis adopté le dispositif Green Bloc. L’hôpital affiche en 2021 une économie mensuelle de 15 tonnes de CO2 .

Valoriser les déchets précieux

Pour plus d’efficacité, les soignants ne se sont pas contentés de trier, ils ont aussi mis en place une filière de valorisation des déchets précieux : l’inox des lames de laryngoscopes utilisées pour intuber les patients, l’aluminium présent dans de nombreux emballages et le cuivre des câblages utilisés pour faire des coagulations pendant les chirurgies.

« Nous revalorisons désormais chaque mois quatre tonnes de déchets, dont 1,2 tonne de plastiques, 550 kg de papier, plus de deux tonnes de carton et 120 kg de ces métaux, énumère la Dr Martin. Il fallait que ce soit simple et hygiénique, c’est pourquoi le tri est fait en salle dès l’apparition de déchets. L’ergonomie des blocs a été totalement revue avec désormais six types de poubelles contre deux auparavant. »

Gaz halogénés et mauvaises manies

Avec Nantes et Grenoble, le CHU de Toulouse fait partie des précurseurs dans ce domaine ; et fort de ces bons résultats, l’établissement veut pousser le curseur un peu plus loin. « Avec les connaissances acquises dans ce projet, nous nous sommes sensibilisés sur d’autres thèmes, notamment celui des gaz anesthésiants qui sont aussi à effet de serre », explique l’anesthésiste.

« La green team », une équipe de 28 soignants désormais mobilisés autour de ces questions au CHU, travaille pour réduire la consommation globale de gaz halogénés. Ils réfléchissent à adapter et réduire le débit de gaz frais qui est réinjecté dans le circuit aux besoins du patient. Car en fonction du débit, l’impact écologique peut être très différent. Enfin, l’équipe veut lutter contre « les mauvaises manies » récurrentes au bloc.

Une étude menée pendant quatre jours au sein du bloc toulousain, pourtant sensibilisé à la réduction des déchets, a ainsi permis de récupérer 35 kg de dispositifs ouverts mais non utilisés : gants, champs et compresses stériles en tête. « C’est ce que nous appelons l’overage, la surconsommation de dispositifs et médicaments que nous préparons “au cas où” », explique la Dr Martin.

Désormais retenu par la direction de l’hôpital dans le cadre d’un appel à projets innovant, le Green Bloc bénéficie d’une enveloppe financière de 43 500 euros durant cinq ans pour poursuivre et pérenniser la démarche.

Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin