LES POLICIERS sont démoralisés. Le gouvernement leur demande de « faire du chiffre », ce qui les conduit parfois à sévir sans raison ; au nom de la réduction des dépenses de l’État, leurs effectifs sont en constante réduction et ils ne disposent pas des moyens nécessaires à leur mission ; ils estiment, à tort ou à raison, que la justice est laxiste et qu’elle applique aux délinquants ou criminels qu’ils arrêtent des peines insuffisantes ; dans certains quartiers, ils sont en grave danger et il n’est pas rare qu’ils soient blessés sérieusement dans des batailles rangées avec des trafiquants de drogue et des jeunes qui les soutiennent.
Une police parfaite...
Nous avons tous besoin de la police. Elle constitue notre ultime rempart contre la délinquance et le crime. Mais nous la voudrions parfaite. Par exemple, qu’elle reste courtoise en toute circonstance ; que ses fonctionnaires ne tutoient pas les citoyens auxquels ils ont affaire ; qu’ils commencent par respecter eux-mêmes la présomption d’innocence. Le plus grave problème de la police, depuis une vingtaine d’années, c’est qu’elle ne fait plus peur aux voyous, prêts à la défier quand le rapport de force leur est favorable, mais qu’elle terrorise littéralement les citoyens honnêtes. Pourquoi ? Parce que, frustrés de ne plus impressionner les brigands, certains policiers, sans doute une minorité, se rattrapent en abusant des pouvoirs qui leur sont conférés, face à des personnes qui, pourtant, ne rêveraient pas d’ignorer la loi.
Il y a longtemps que les rapports entre policiers et magistrats ne sont pas sereins. Les précautions légales constituent un frein puissant à la rapidité d’une enquête. Les uns sont des soldats qui se battent contre l’ennemi, les autres sont plutôt des diplomates qui, dans une atmosphère d’infinie violence, tentent de faire la part des choses. Il y eut un temps où s’était instaurée entre les deux démarches une saine dialectique. Maintenant, les policiers jugent les juges. Dès lors qu’aucune corporation n’échappe plus à la critique, les fonctionnaires de police, en dépit de leur devoir de réserve et du respect due à la chose jugée, ne voient plus aucune raison d’épargner les magistrats. A fortiori quand ceux-ci s’en prennent à leur collègue. L’affaire jugée à Bobigny n’est pas négligeable. C’est à un petit complot que se sont livrés les sept policiers, et à un gros mensonge qui, en outre, avait la particularité d’ajouter une accusation lourde de plus au dossier de l’homme qui avait forcé le barrage. Dès lors que le complot a été déjoué, il n’y avait aucune raison de ne pas en punir les auteurs. Encore une fois, une bonne police doit être la première à respecter la loi.
UN GOUVERNEMENT NE PEUT PAS S’EN PRENDRE À LA JUSTICE, POUVOIR SÉPARÉ
Au lieu de quoi, les policiers qui ont manifesté devant le siège du tribunal de Bobigny ont donné l’impression qu’ils se croient au-dessus des lois. Ils n’ont pas nié la réalité de l’acte délictueux commis par leurs collègues. Ils ont seulement trouvé la peine trop lourde, avec une argumentation facile : si des policiers sont condamnés, la police perd sa crédibilité. Oui, mais à qui la faute ?
Police de droite, justice de gauche ?
Certes, la magistrature n’est pas moins faillible que les autres professions. On aurait pu en rester là : la police est indignée, les magistrats sont indignés de l’indignation des policiers. Non, il a fallu que le gouvernement s’en mêle, qu’il vole au secours d’une des deux corporations au détriment de l’autre, que le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, exprime sa compréhension pour la police, ce qui, à n’en pas douter, est beaucoup moins cher que d’embaucher dans ce corps de métier. Du coup, les juges sont consternés non seulement parce que la police met en doute leurs compétences, mais parce que le pouvoir politique désavoue la justice nationale. L’opposition, à son tour, envoie une salve d’obus contre le gouvernement. Ainsi la police serait-elle de droite et la justice de gauche.
Pas si simple. Le Garde des sceaux, Michel Mercier, un centriste, rejette le manichéisme de M. Hortefeux et lui rappelle qu’il n’est pas ministre de la Justice. M. Mercier est sûrement sincère, mais sa démarche devenait indispensable : un gouvernement ne peut pas, comme l’a fait le ministre de l’Intérieur, qui a d’ailleurs persisté et signé après les déclarations de M. Mercier, s’aliéner durablement le troisième pouvoir. Morale de l’histoire : il vaut mieux prévenir que guérir. Il faut commencer par former les policiers au droit et à l’éthique professionnelle. Il faut qu’ils sachent ce qu’ils n’ont pas le droit de faire, sans toutefois perdre de leur efficacité. Il faut aussi que des juges puissent juger sans se soucier de l’environnement politique.
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