Gynécologie

Endométriose, la détection précoce en ligne de mire

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Publié le 25/05/2021
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Alors qu’une part non négligeable des patientes atteintes d’endométriose relèvent encore de traitements chirurgicaux, la détection plus précoce de la maladie permettrait d’intervenir en amont, avant l’extension des lésions. C’est l’objectif d’une proposition de loi déposée récemment et qui fait écho à la réflexion de stratégie nationale contre l’endométriose lancée en mars par Olivier Véran.

Crédit photo : Adobe Stock

Entre 10 et 15 % des femmes en âge de procréer et près de 40 % des femmes infertiles sont atteintes d’endométriose. Si, depuis quelques années, l’endométriose n’est plus cette inconnue du grand public et d’une partie du corps médical, l’attention s’est surtout focalisée sur l’infertilité qu’elle engendre. Avec, à la clé, un diagnostic souvent tardif imposant des traitements lourds.

« L’âge moyen des femmes au moment de consulter au sein de notre réseau est de trente ans, avec des conséquences sévères et agressives, résultat de près de 20 ans de progression de la maladie, et 30 % d’entre elles doivent alors être opérées », illustre le Dr Erick Petit (centre de l’endométriose, hôpital Saint-Joseph, Paris, et responsable du réseau ville-hôpital Resendo).

Des signaux d’alerte dès le plus jeune âge

« Le diagnostic, qui intervient en moyenne avec sept années de retard, révèle bien souvent une expansion sévère du tissu endométriosique », appuie la sénatrice Alexandra Borchio Fontimp, qui a déposé récemment, avec le député Éric Pauget, une proposition de loi visant à promouvoir la sensibilisation, la prévention et le dépistage précoce de l’endométriose. « Pourtant, des douleurs intenses ainsi que des épisodes de fatigue chronique importants lors des menstruations, et ce, dès le plus jeune âge, constituent souvent des signaux d’alerte. »

Dans ce contexte, l’enjeu est d’intervenir plus tôt afin de limiter la progression de la maladie. Le traitement hormonal « permet de stopper l’évolution de la maladie, de soulager les douleurs, notamment de règles, de supprimer l’abondance de celles-ci et de réduire le volume des kystes ovariens endométriosiques dans au moins 80 % des cas », insiste le Dr Petit.

Vers la mise en place d’une consultation spécifique ?

D’où l’importance de sensibiliser les jeunes filles en démontant les idées reçues telles que la normalité supposée des dysménorrhées. Une adolescente sur deux ayant une douleur pelvienne chronique a une endométriose. Et si les femmes qui ont des dysménorrhées n’ont pas toutes une endométriose, plus de 90 % des personnes atteintes d’endométriose ont des douleurs pendant les règles.

Reste à pouvoir repérer ces jeunes patientes à un âge où elles consultent peu, dans une sorte de zone blanche entre le pédiatre et le gynécologue. « À cette intention, un questionnaire de dépistage d’une vingtaine de questions (dyschésie rectale, troubles digestifs fonctionnels, dysurie douloureuse, douleurs pelviennes chroniques, absentéisme scolaire, douleurs lombaires, etc.) est disponible, signale Erick Petit. Associé à une évaluation de la dysménorrhée sur une échelle EVA, administrable par un médecin généraliste ou spécialiste, il permet à 90 % de repérer les jeunes filles à haut risque d’endométriose et de prescrire en conséquence une imagerie. »

Cosignée par une centaine de parlementaires, la proposition de loi va plus loin en préconisant la mise en place d’un « diagnostic préventif gratuit de sensibilisation et de prévention des risques de l’endométriose » avec une consultation « obligatoire » à 15 ans et une seconde « non obligatoire » à 21 ans.

Bientôt une stratégie nationale dédiée
L’amélioration de la détection précoce de l’endométriose fait partie des enjeux mis en avant par le ministre de la Santé lors du lancement, fin mars, de la mission préparatoire visant à l’élaboration d’une stratégie nationale contre l’endométriose. Le projet, confié à l’eurodéputée LREM Chrysoula Zacharopoulou, devra répondre « aux cinq défis principaux que nous pose cette maladie, à savoir sa détection, le parcours de soins des patientes, leur prise en charge, la recherche et la communication », avait déclaré Olivier Véran lors du lancement. Annoncée initialement pour fin avril, la stratégie nationale n’a pas encore été dévoilée.


Source : Le Généraliste