Trois questions au Dr Laurent Alexandre*

« Le rôle des mitochondries »

Publié le 13/05/2016
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Laurent Alexandre

Laurent Alexandre
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Le Généraliste. Existe-t-il des causes génétiques  de l’inégalité d’espérance de vie entre les femmes et les hommes ?


Dr Laurent Alexandre Quand on regarde les différences d’espérance de vie entre l’homme et la femme, l’alcool, le tabac, les modes de vie expliquent une partie de la différence mais pas la totalité des huit à dix ans d’écart selon les pays. La plupart de notre patrimoine génétique est commun entre les hommes et les femmes. La seule grande différence génétique entre les sexes en dehors du  chromosome Y, ce sont nos mitochondries. Ce qui ressort des travaux actuels, c’est que celles-ci sont parfaitement optimisées pour le fonctionnement métabolique des femmes et leur statut hormonal car elles sont transmises par les ovules lors de la fécondation. Les spermatozoides ne transportent pas de mitochondrie lors de la formation de l’embryon. Les hommes ont donc des mitochondries qui ne sont pas optimisées pour la testéostérone et l’équilibre hormonal. Or ces organites jouent un rôle dans le  stress oxydatif cellulaire qui est un élément essentiel du vieillissement.

Existe-t-il des mécanismes épigénétiques expliquant cette inégalité d’espérance de vie ?


Dr L. A. La différence des modes de vie entre l’homme  et la femme explique deux à trois ans d’écart d’espérance de vie et cela se traduit par des différences épigénétiques.

Peut-on espérer influer sur ces facteurs génétiques pour que l’espérance de vie de l’homme puisse rattraper celle de la femme ?


Dr L. A. Cela suppose de modifier les mitochondries dans l’embryon. On a déjà créé des enfants avec trois parents génétiques  chez des mères ayant une pathologie des mitochondries, en  employant des mitochondries d’une autre mère. On pourrait imaginer la même chose dans le futur pour fabriquer des mitochondries mieux adaptées au métabolisme hormonal des hommes. Cela suppose d’accepter une thérapie germinale et une fécondation in vitro qui remplacerait la fécondation par rapport sexuel.

*Urologue, fondateur de Doctissimo et président d’une société de séquencage d’ADN.


Source : lequotidiendumedecin.fr