Alopécie androgénétique

L'espoir de nouvelles cibles thérapeutiques

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Publié le 16/01/2017
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Le diagnostic d'alopécie androgénétique (AAG) peut être, désormais, établi de façon très précoce. « Pour les AAG débutantes, de nouveaux signes ont été récemment décrits : halos péripilaires ; cupules à la base des cheveux traduisant une fibrose péripilaire ; anisotrichie. Nous observons beaucoup d'unités folliculaires à un seul cheveu et très peu d'unités persistantes à deux ou trois cheveux. Ces signes permettent un diagnostic plus précoce », souligne le Dr Pascal Reygagne (hôpital Saint-Louis, Paris).

Concernant le cycle pilaire, une revue récente de la littérature (1) met en évidence une douzaine de régions génomiques impliquées dans l'AAG masculine. « La régulation de la voie Wnt β-caténine (qui permet de maintenir la phase anagène et de stimuler le passage de la phase telogène à la phase anagène) a, peut-être, un avenir thérapeutique. Mais il faut rester prudent car c'est aussi une voie de tumorogénèse. Nous avons mené au centre Sabouraud et à l'Inserm des études génétiques avec l'espoir d'obtenir de nouvelles cibles thérapeutiques. Le cycle pilaire a également une autre voie : celle des prostaglandines. PGF2 alpha active la phase anagène alors que lPGD2 réactive la phase catagène. De nombreuses études ont montré, chez l'homme et l'animal, que lPGD2 synthase et PGD2 sont augmentés sur le cuir chevelu chauve, par rapport au cuir chevelu non chauve. Dans ce cadre, les inhibiteurs de PGD2 et les inhibiteurs des récepteurs impliqués dans ce mécanisme (GPR44) ont sûrement un avenir prometteur dans l'AAG », indique le Dr Reygagne. 

Minoxidil, maquillage…

Actuellement, les traitements ayant l'AMM en France dans l'AAG sont le minoxidil 2 % chez l'homme et chez la femme, le minoxidil 5 % et le finastéride chez l'homme uniquement. Aux États-Unis, le minoxidil en mousse 5 % (une application par jour) a une AMM chez la femme. En dehors des AMM, il existe une importante littérature sur le dutastéride chez l'homme (déjà approuvé en Corée du Sud, au Japon et au Mexique). Concernant l'AAG féminine : l'acétate de cyprotérone (Androcure), le finastéride et le dutastéride ont été également utilisés dans plusieurs études. « Celles-ci montrent que l'Androcure n'est pas un bon traitement de l'AAG isolée, mais peut être une aide en cas d'hyperandrogénie biologique ou clinique, de cycles irréguliers, d'hyperséborrhée ou d'hirsutisme chez la femme. Le finastéride a une efficacité modeste mais peut être utilisé en cas d'échec des traitements classiques. Les traitements par Plasma Riche en Plaquettes (PRP), laser ou cheveux synthétiques ne sont pas autorisés en France dans l'AAG. Nous venons, par ailleurs, de réviser le guideline européen du traitement des AAG : il sera disponible début 2017 », précise le Dr Reygagne. Enfin, le maquillage (spray, poudres) et les tatouages définitifs imitant les cheveux doivent être conseillés aux patients car ils améliorent l'aspect esthétique du cuir chevelu.

D'après un entretien avec le Dr Pascal Reygagne (hôpital Saint Louis, Paris
(1) Heilmann-Heimbach et al.  Exp Dermatol 2016;25:251-7

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9547