C’est demain, dimanche 25 mai, que débute le tournoi de Roland-Garros. Un moment privilégié pour le Dr Jacques Parier (*), passionné de tennis et observateur pointu de ce sport depuis plusieurs décennies.
Pendant toute la compétition, et pour la deuxième année consécutive, il livrera sur lequotidiendumedecin.fr son regard de médecin sur la petite balle jaune, à travers une chronique quotidienne.
« Le Quotidien. » À quand remonte votre passion pour le tennis ?
Dr Jacques Parier. Je suis passionné par ce sport depuis l’âge de 8 ans. Mon père était professeur de tennis et j’ai moi-même passé le monitorat en 1971 pour enseigner. Je joue encore régulièrement et suis toujours classé en troisième série.
En tant que médecin, cela fait une vingtaine d’années que j’interviens sur le tournoi de Roland-Garros. J’ai d’abord fait mes classes dans le cadre des qualifications, au Stade Jean Bouin notamment, dans l’équipe du Dr Jean-Pierre Cousteau. Depuis près de quinze ans, je suis présent au stade de Roland-Garros pendant les trois semaines que durent les qualifications et le tournoi. C’est maintenant le Dr Bernard Montalvan qui est responsable médical.
Quelles évolutions vous ont le plus marqué dans le tennis au cours des dernières années ?
Il y a eu des modifications techniques. Les prises de raquette ont considérablement évolué. On est passé d’une prise marteau à la prise « poêle à frire », le tamis était orienté vertical, il est maintenant horizontal. Le revers à deux mains s’est aussi généralisé depuis l’ère Borg. Aujourd’hui, à part Roger Federer et Stan Wawrinka - deux joueurs suisses ! - il n’y pratiquement plus de champions qui jouent à une main.
Chez les filles c’est encore plus vrai. Le gabarit des joueurs a aussi évolué. On a assisté à une escalade fantastique dans les tailles. Jimmy Connors et John McEnroe faisaient dans les 1,80 mètre. Maintenant, on se rapproche du mètre 90. Chez les filles, les gabarits de moins de 1,70 sont devenus très rares.
Et les pathologies ?
Là aussi, on a vu beaucoup d’évolutions parce que le style de jeu a changé. Le poignet est devenu une source de pathologie très importante. Avant, la main gauche était une main associée (pour les droitiers), elle accompagnait le geste. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où elle est aussi importante que la main droite sur les revers. On peut d’ailleurs penser que Rafael Nadal, qui est droitier mais qui joue avec la main gauche, en tire partie pour réaliser des passings exceptionnels.
Sur le service, les joueurs frappent plus fort - la vitesse de balle peut dépasser 250 km/h - et ils recherchent toujours plus d’effet. Cela a un impact sur tout l’organisme, l’épaule, le dos, les muscles de la paroi abdominale. Avant, les joueurs s’abîmaient surtout les grands droits. Maintenant, les obliques sont aussi touchés.
Vos pratiques en ont-elles été modifiés ?
Aujourd’hui, les pathologies sont relativement bien cernées. L’enjeu est de développer des programmes de prévention toujours plus performants, car une fois la pathologie installée, c’est beaucoup plus difficile de traiter efficacement. C’est le travail commun d’une équipe, avec les entraîneurs, les préparateurs physiques et les praticiens qu’il s’agisse de kinésithérapeutes, d’osthéopathes, de diététiciens, de psychologues...
La collaboration internationale a toute sa place. Cette année, par exemple, une équipe américaine viendra tester l’état des joueurs pendant le tournoi. On bénéficiera de leurs expériences, tout comme nous leur ferons profiter de notre expertise.
Sur un tournoi comme Roland-Garros, est-ce facile de travailler auprès des joueurs ? Quel est votre rôle ?
Nous avons des rapports faciles avec eux et ça se passe toujours bien. Mais c’est un sujet sur lequel nous avons un devoir de réserve. La confidentialité habituelle dans le milieu médical est encore exacerbée du fait du développement des paris en ligne et de l’omniprésence des médias. Notre rôle est consultatif. Au final, c’est le joueur qui décide s’il est apte à jouer ou pas.
Votre favori pour l’édition 2014 ?
La compétition est très ouverte cette année. Il y a trois favoris potentiels, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Stanislas Wawrinka. C’est fabuleux pour le tournoi et les spectateurs vont sans doute se régaler.
Les chroniques quotidiennes du Dr Jacques Parier sur Roland-Garros sont à lire à partir de dimanche 25 mai.
Le Dr Jacques Parier est spécialiste en médecine physique et de réadaptation. Il est membre de la SFTS (Société française de traumatologie du sport), de la SFA (Société française d’arthroscopie) et du GREP (groupe rhumatologique français de l’épaule).
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