Le parquet a requis trois années de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende à l'encontre d'un chirurgien urologue, jugé ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bourges pour avoir provoqué la mort d'un patient lors d'une opération « apocalyptique » de la prostate en 2016. La procureure de la République de Bourges, Céline Visiédo, a aussi réclamé deux ans de prison avec sursis à l'encontre de l'anesthésiste présent dans le bloc opératoire de l'hôpital de Bourges, le 14 janvier 2016.
Âgé de 60 ans lors de l'opération, et sans antécédent médical, le patient était décédé d'un « TURP syndrome », un syndrome de réabsorption du liquide de rinçage de l'opération (glycocolle), selon les experts. Selon les différents rapports médicaux, ce syndrome est notamment apparu en raison d'une opération trop longue et d'une hémorragie non maîtrisée par le chirurgien, lors de la résection de la prostate.
Le syndrome n'avait pas été détecté assez tôt par l'anesthésiste, alors qu'il régnait « un climat délétère » dans le bloc opératoire, selon la procureure. Les témoignages recueillis lors de la procédure ont décrit le comportement « agité » et « brutal », ou encore un urologue « hystérique », avec des « gestes violents ». Cette colère aurait été déclenchée par une erreur de matériel fourni par l'hôpital pour l'opération. Une erreur assez vite réparée, selon les éléments de l'enquête.
« Perte de contrôle »
Pour le chirurgien, spécialisé en urologie depuis 30 ans et âgé de 59 ans au moment des faits, la perte du patient était due à de la « malchance » et non à des erreurs de sa part. « De l'extérieur, c'est apocalyptique », a toutefois insisté Mme Visiédo, évoquant une « perte de contrôle de la situation (...) du début à la fin ».
Pour la défense du chirurgien, Me Amélie Chiffert a reconnu des « imprudences » de son client, mais elle a avancé qu'il n'existait pas de « lien de causalité certain » entre ses actes et le décès du patient. De son côté, l'anesthésiste a justifié l'endormissement du patient, qui bénéficiait seulement d'une anesthésie locale au début de l'opération, pour ne pas qu'il assiste à la scène qui se jouait dans le bloc. Il était aussi nécessaire de l'anesthésier plus lourdement pour préparer la réanimation d'un patient qui avait perdu beaucoup de sang.« Le fait d'avoir sédaté profondément le patient a empêché de constater l'amplitude du TURP syndrome », a assuré la procureure, estimant que le professionnel n'avait pas suffisamment alerté le chirurgien de la dégradation de l'état du patient.
Pour ne pas avoir initialement fourni le matériel adapté dès le début de l'intervention, le parquet a réclamé 90 000 euros d'amende à l'encontre de l'hôpital. La décision a été mise en délibéré au 13 septembre.
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